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Les racines familiales de huit têtes de listes européennes

Manon AUBRY

La généalogie de Manon Aubry reflète bien l’insoumission… en fidélité à une tradition familiale, incarnée par sa mère, elle aussi engagée et fille elle-même d’un militant de gauche corse de Bonifacio (Modeste Poggi, 1928-2018). Avec un père journaliste, auteur de plusieurs livres sur la mafia et ses parrains. Ensuite pour avoir des racines écartelées entre les Vosges et la Bretagne et quittant aussi l’Hexagone, les ancêtres marins pêcheurs corses ayant multipliés les aller-retour avec la Sardaigne et s’étant alliés à des lignées séfarades d’Algérie. Écartelées entre ces aventuriers du sud, des notables bretons et des fabricants de dentelles vosgiens, dont un ancêtre combattant des armées de la Révolution devenu banquier sous la Restauration, porteur du prénom très local de Fourier, que la famille continue à se transmettre. Une lignée enfin sans rapport avec celle de l’ex-mari de Martine Aubry-Delors, originaire quant à elle de Suisse.

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Jordan BARDELLA

Le leader du RN, compagnon de Nolwenn Olivier, nièce de Marine Le Pen et cousine germaine de Marion Maréchal, ne pourrait rêver plus belle généalogie que la sienne, illustration d’une intégration réussie par le travail, dont il fait son cheval de bataille. Outre quelques ancêtres « Français de souche », dispersés entre dix départements, du Cantal à l’Eure et au Haut-Rhin, Jordan Bardella a les trois quarts de ses racines en Italie (avec quelques rejets en Suisse). Sa lignée patronymique est arrivée en Seine-Saint-Denis vers 1960, avec l’arrière-grand-père et ses fils, venus d’un petit bourg du Latium, pour travailler d’abord comme maçons puis comme plombiers (parallèlement à d’autres aïeux maternels, ouvriers dans le bâtiment, à Saint-Denis). À quoi l’on doit ajouter des racines en Algérie, avec un arrière-grand-père maternel kabyle, venu dès les années 1930 travailler comme manoeuvre dans le bâtiment à Villeurbanne (dans le Rhône).

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François-Xavier BELLAMY

Prototype d’une généalogie bourgeoise, l’arbre du candidat des Républicains fourmille de familles devant leur position sociale aux efforts conjugués de plusieurs générations ayant su monter dans l’échelle sociale et s’y maintenir. Une galerie familiale socialement très homogène (bourrée de « noms de sieuries ») et très regroupée géographiquement, pour les trois quarts en Bretagne, aux côtés d’Angevins et de Berrichons, sans compter de très ponctuelles racines excentrées, des Alpes à l’Espagne. Si la lignée patronymique, émaillée de notaires, conduit à Guipry, en Ille-et-Vilaine (jusqu’à à un laboureur né vers 1590), les quartiers maternels, concentrés sur Nantes, fourmillent de grands bourgeois, avec notaires, armateurs et raffineurs, des ramifications aux Antilles et vers l’Île Maurice et l’inventeur du sucre candi « À la Perruche ». Des lignées aux origines souvent modestes, telle celle des Polo, agents de change issus d’un artisan taillandier.

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Léon DEFFONTAINES

Figure principale de la liste communiste, Léon Deffontaines a ses racines concentrées dans les Hauts-de-France – avec plus des trois quarts dans le Nord–Pas-de-Calais et les inévitables incursions en Belgique. Côté paternel, les ancêtres, qui étaient dans leur majorité des notables du Nord, dotent le candidat de belles ascendances royales. Des ascendances relativement proches, passant par un bâtard de la Maison de Bourgogne/Valois, qui lui valent pour aïeul notre roi Jean II le Bon (avec donc les classiques ascendances ludovicienne et mahométane). Les ancêtres de la lignée patronymique, censiers aisés sous l’Ancien Régime et baillis et échevins de Baisieux, sont connus depuis un certain Toussaint Deffontaines, né vers 1470. Plus modestes, les quartiers maternels, majoritairement picards (d’abord dans le département de la Somme), laissent deviner pour ce natif d’Amiens plusieurs cousinages avec son compatriote, le président de la République.

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Huit des 37 têtes de listes françaises aux élections européennes : Manon Aubry, Jordan Bardella, Françoix-Xavier Bellamy, Léon Deffontaines, Raphaël Glucksmann, Valérie Hayer, Marion Maréchal, Marie Toussaint.

Raphaël GLUCKSMANN

Le représentant de Place publique, associé au Parti socialiste, offre la généalogie la plus intellectuelle. Non seulement avec le philosophe bien connu que fut son père, mais aussi avec sa grand-mère maternelle, Jeannette Colombel, née Prenant (1919-2016), elle-même philosophe, fille d’une professeure de philo du lycée Fénelon et petite-fille d’un membre de l’Académie de médecine. Des quartiers paternels juifs ashkénazes, originaires de Tchéquie et – pour les Glucksmann – d’Ukraine. Des quartiers maternels (Villette/Prenant) surtout concentrés dans le quart nord-est de l’Hexagone : Nord–Pas-de-Calais (dont Leforest, pour la lignée Villette), Champagne, Lorraine, avec toutefois une incursion en Sarre allemande. Par l’arrière-grand-mère philosophe née Soto, on arrive à un couple de Juifs bigarrés : lui, séfarade, natif de Tétouan, au Maroc, et négociant à Buenos-Aires, elle juive d’Alsace (Grussenheim, dans le Haut-Rhin). Une généalogie autant internationale qu’intellectuelle !

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Valérie HAYER

On ne peut trouver meilleur exemple de généalogie paysanne que celle de Valérie Hayer. Un arbre où l’on ne trouve en effet que des terriens, presque tous modestes et inévitablement – en ce que la mobilité socio-économique passait obligatoirement par la mobilité géographique – tous concentrés dans un cercle d’à peine 20 km de rayon : la région du Haut-Anjou, aux confins des trois départements de la Mayenne, du Maine-et-Loire et de la Sarthe – une seule lignée conduisant plus à l’ouest (en Ille-et-Vilaine). Avec, pour autre corollaire inévitable, de belles endogamies. Les Hayer eux-mêmes offrent un remarquable exemple d’enracinement, puisque établis, au moins depuis Étienne, né vers 1580, dans cette commune de Saint-Denis-d’Anjou, où la candidate a grandi et où les ancêtres étaient vignerons, avant de rejoindre, suite à la crise du phylloxera, ce monde récemment très agité des agriculteurs, que la candidate présidentielle incarne donc parfaitement aujourd’hui.

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Marion MARÉCHAL

L’arbre généalogique de Marion Maréchal est incontestablement le plus compliqué. Née sous le patronyme Le Pen, comme fille naturelle de Yann Le Pen (fille de Jean-Marie et soeur de Marine), la candidate de Reconquête deviendra Maréchal suite au mariage de sa mère avec Samuel Maréchal, avant d’apprendre que son père biologique était le journaliste Roger Auque. Si l’arbre maternel est bien connu, avec des racines en Bretagne, en Gascogne, dans le Gard et l’Aveyron (d’où une ascendance royale, ludovicienne et mahométane), mais aussi en Suisse et à Malte (d’où un cousinage avec Darmanin), on hésite, côté paternel, entre deux arbres ; le légal, conduisant dans le Perche (racines Maréchal à Moulicent), le Cher, le Loiret, l’Oise… et le biologique, conduisant dans le Tarn (Auque : paysans de la banlieue d’Albi) mais surtout dans le Nord–Pas-de-Calais et en Belgique, avec un grand-père gaulliste de gauche et ancien d’Indochine et une grand-mère communiste.

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Marie TOUSSAINT

Fille d’un père et d’une mère qui s’étaient engagés très jeunes dans le mouvement humanitaire ATD Quart-Monde, la candidate écologiste, lorsqu’il lui arrive de parler de ses origines, évoque ses grands-parents mineurs et paysans, dans le Nord et l’Allier, avec une branche « grande famille catho » et une autre « plutôt communiste », ce que sa généalogie, très peu connue, va confirmer, mais surtout préciser. Les aïeux mineurs étaient en effet des Ch’tis, avec tous les quartiers paternels, concentrés dans le Pas-de-Calais (d’abord à Méricourt). L’Allier et l’Auvergne concernent le côté de la grand-mère paternelle. Pour le reste, l’arbre généalogique livre des ancêtres à la fois dans les Côtes-d’Armor, récupérés par un arrière-grand-père cheminot, qui avait pas mal bourlingué, et en Normandie, où va nous conduire la lignée agnatique, originaire de l’Orne et qui devait son nom à un ancêtre enfant trouvé, né… le jour de la Toussaint !

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