Julie-Victoire Daubiée, la première femme française à décrocher le bac
Voilà 150 ans cette année que Julie-Victoire Daubiée a été, en 1861, la première femme française à décrocher… le bac, qui existait déjà depuis plus d’un demi siècle.
C’était en effet Napoléon Ier qui l’avait instauré en 1808 – avec cette année-là 21 diplômés – et en le réservant alors évidemment aux garçons. Il avait été ainsi nommé en référence au nom de l’ancien premier grade universitaire, délivré avant la licence et donnant la permission d’enseigner, et qui venait lui-même du latin bacca laurea, signifiant ni plus ni moins que "baie de laurier" et était donc e, quelque sorte un symbole de victoire.
Parallèlement, le mot bachelier, qui existait déjà, avait eu à l’origine un tout autre sens, pour venir d’une contraction de "bas chevalier". Au Moyen Âge, il avait effectivement d’abord désigné le jeune homme aspirant à devenir chevalier, autrement dit l’écuyer, qui effectuait une sorte d’apprentissage en travaillant à "l’écurie" et en portant l’"écu" de son maître, c’est à dire son bouclier, sur lequel étaient représentées ses armoiries (d’où notre terme "écusson"). Rapidement, il avait vu son sens évoluer, pour désigner le jeune homme de façon générale, d’où sa "récupération", outre Manche, avec le bachelor anglais, désignant le "célibataire".
Peu à peu ce baccalauréat avait été perfectionné. Ainsi, y avait-on ajouté la première épreuve écrite, en 1830, puis les mentions, en 1840, sachant que l’on de donnait alors pas de notes et que l’on ne calculait pas de moyenne. Les examinateurs attribuaient seulement des boules, blanches en cas d’avis favorables, noires en cas d’avis défavorable et rouges en cas d’abstention.
Née à Bains-les-Bains, dans les Vosges, Julie Victoire (dite Victoire) Daubié était le huitième et dernier enfant d’un comptable de la Manufacture royale de fer blanc de la ville, qui mourra peu après sa naissance, voyant sa veuve retourner à Fontenoy-le-Château, d’où la famille était originaire et où ses ancêtres paternels et maternels, Daubié et Colleüille, membres de la bourgeoisie du lieu, avaient été de fervents protecteurs, sous la Terreur, des prêtres réfractaires.
Très tôt, Victoire Daubié se lancera dans les études. Elle obtiendra en 1844 son certificat de capacité, brevet d’enseignante de l’époque. Plus tard, elle se verra refuser au baccalauréat à l’Université de Paris, au seul prétexte qu’elle est une femme, et devra beaucoup lutter pour être admise à passer l’épreuve à Lyon, qu’elle remportera donc, le 16 août 1861, en totalisant six boules rouges, trois boules blanches, une boule noire… Une grande date donc !
Pour en savoir plus sur elle-même, voir Wikipedia et sur sa généalogie, conduisant dans les Vosges (dont Fontenoy, pour les Daubié) et la Haute-Saône (dont Aillevillers-et-Lyaumont, pour les Colleuille) voir notamment l’arbre mis en ligne sur GeneaNet par Jean Linoir.
Photo : Pierre Petit /Bibliothèque Marguerite Durand (Paris)
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