A voir aux Archives nationales : "Déportées à Ravensbrück, 1942-1945"

Dès l’entrée de l’exposition présentée dans le hall du bâtiment des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, douze portraits nous interpellent : douze visages de femmes nées entre 1884 et 1919, françaises et étrangères, chrétiennes ou juives, douze femmes qui ont résisté aux Nazis et été assassinées à Ravensbrück.

Elles font partie des seize femmes que les Archives nationales ont choisies pour raconter à travers leur parcours l’histoire de ce camp situé à 80 kilomètres de Berlin. C’est aussi et surtout celle des 130 000 personnes, majoritairement des femmes, qui y furent internées. De janvier 1942 à septembre 1944, sur les 9 000 femmes opposées au régime nazi et vivant en France, 7 000 furent envoyées à Ravensbrück, souvent après un passage par la prison de Romainville ou le camp de Compiègne.

Avant leur arrestation, elles furent surveillées par les autorités françaises qui usèrent des nombreux fichiers de police mis en place avant la guerre et dont les chercheurs, généalogistes et historiens, connaissent aujourd’hui la richesse. Parmi les documents extraits des fonds des Archives nationales, se trouvent donc ceux du fonds de Moscou et des fonds privés aux noms de certaines des déportées, exposés aux côtés de ceux provenant des associations ou groupements qui ont œuvré à la sauvegarde de leur mémoire comme la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP) et l’Association des déportées et internées de la Résistance (ADIR).

L’exposition met en lumière la vie de ces femmes résistantes avant leur arrestation, durant leur internement et, pour celles qui survécurent, leur engagement jusqu’à leurs décès, récents parfois.

Même dans les conditions extrêmes qui leur étaient imposées à Ravensbrück, elles firent preuve d’une solidarité entre elles ainsi qu’envers les autres victimes de la barbarie nazie, dont les jeunes Polonaises sur lesquelles des expérimentations pseudo-médicales étaient faites. Jusqu’au bout, ces femmes gardèrent leur humanité dont témoignent les lettres, dessins et objets exposés.

Une courte exposition qui raconte l’un des pires moments de l’histoire récente et permet de (re)découvrir des fonds riches en données biographiques.

Au-delà de cet aspect, comme l’a écrit un visiteur sur le livre d’or, ces destins nous obligent, nous aujourd’hui, à ne pas oublier et ne pas recommencer.