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Belgique : les défis du nouveau "Monsieur Archives"

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Suite au départ de Karel Velle début février, Pierre-Alain Tallier (à droite sur la photo), chef du département « Bruxelles » au sein des Archives de l'État, assure la fonction d'archiviste général du Royaume par intérim.
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Sa passion, ce sont les inventaires. Le volet administratif, les inaugurations entre fanfares et bourgmestres, ce n’est pas son truc. L’homme préfère nettement se plonger dans les fonds concernant les dommages de guerre ou l’administration du Congo et en tirer des inventaires qui serviront pour le bien commun. Il est d’ailleurs l’auteur d’une longue liste de publications et son dévouement à cet égard n’est plus à démontrer. Pour autant, depuis le 1er février, le rôle de Pierre-Alain Tallier s’est élargi, non seulement à la protection des archives publiques et privées mais également à la gestion humaine et matérielle de l’institution créée sous le régime français. Il assure la fonction d'archiviste général du Royaume par intérim, suite au départ de Karel Velle qui s’était fait un nom dans le milieu archivistique et avait occupé ce poste pendant des années.

Si la durée de sa mission est incertaine, le nouveau « Monsieur Archives » a l’ambition d’au moins poser les bases pour une gestion modernisée, pérenne et efficace de l’institution. Les défis ne manquent pas. D’abord du côté des bâtiments : il faudrait 50 km linéaires supplémentaires pour pouvoir accueillir tous les fonds qui doivent l’être, a minima. Pour la capitale, la nécessité de bénéficier d’un dépôt unique qui centraliserait les fonds aujourd’hui éparpillés entre les dépôts de Forst, le dépôt Bruxelles II (Cuvelier) et la rue de Ruysbroek, laisse augurer un chantier, long (de l’ordre d’une dizaine d’années), laborieux et fort coûteux, mais essentiel. Côté ressources humaines, les Archives ont un besoin crucial de renforts.

La question de la protection vie privée est également au cœur des préoccupations contemporaines des archives. Là encore, Pierre-Alain Tallier est conscient du difficile rôle d’équilibriste qui lui incombe. Il est également soucieux de pouvoir apporter des réponses, parfois intimes aux questions des chercheurs, notamment en ce qui concerne le dossier sensible des adoptions ou des enfants volés de la colonie du Congo. C’est cette mission thaumaturge qui anime la volonté du nouvel archiviste de l’état, de même qu’une volonté ardente de contextualisation de la société de l’époque.

Si les tâches qui l’attendent sont dantesques et que sa charge est incertaine, Pierre-Alain Tallier sait également que sa mission est également de répondre aux demandes des chercheurs, des étudiants, des généalogistes et des personnes fréquentant ponctuellement les dépôts, et ce, dans les meilleurs conditions matérielles et d’accueil possible en tenant compte des budgets actuels. « Nous essayons d’apporter, gracieusement, le meilleur service possible aux chercheurs belges, mais également étrangers, car nous recevons des requêtes du monde entier : des États-Unis, de France bien sûr, mais aussi d’Asie et d’Australie, avides de consulter les archives d’état civil mais également les dossiers de dommages de guerre ou les archives coloniales, deux collections qui ont reçu une attention particulière ces derniers mois. La fréquentation du portail est en constante augmentation. Dans le courant de l’année, nous allons ajouter des collections, notamment celles concernant les registres d’écrou, ce qui ne manquera pas de faire plaisir aux généalogistes en recherche d’information sur le passé criminel de leur aïeul. »

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Belgique, AGR

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