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Chirac, cousin de Pompidou

Le décès de Jacques Chirac m’a donné ce matin l’occasion de ré-explorer sa généalogie, avec évidemment son lot de découvertes nouvelles !

Cette généalogie est sans nulle doute l’une des généalogies présidentielles les mieux connues, pour avoir été très tôt explorée par des généalogistes limousins, notamment dès les années 1970 par l’archiviste départemental Guy Quincy et le généalogiste briviste N. du Chatenet. Les informations ont été rapidement repris et publiés par Joseph Valynseele, dont les travaux avaient d’abord montré que – contrairement à ce que le monde alors encore très élitiste de la généalogie supposait – la famille de l’homme politique n’était nullement celle des imprimeurs de ce nom, bien connus à Tulle, où ils faisaient au XVIIIe siècle figures de grands notables.

Les ancêtres de Jacques Chirac étaient en réalité de condition très modeste, avec de très classiques lignées paysannes, qui avaient pris, comme on dit aujourd'hui, l’ascenseur social, à la fin du XIXe siècle, en passant par la profession d’instituteur, profession charnière par excellence, qui permit à beaucoup de familles de l’époque de quasiment traverser la société en trois générations. Un cas classique, que la généalogie de Jacques Chirac illustre magistralement, avec un père banquier, qui finira comme président et administrateur de sociétés à Paris, deux grands-pères instituteurs et des arrière grands-pères menuisier pour l’un et cultivateur pour l’autre.

Jacques Chirac était le petit-fils de deux instituteurs corréziens, Louis Chirac (1868-1937) et Joseph Vallette (1863-1935), sachant que le premier avait épousé une institutrice (Marie Honorine Dumay), elle-même fille d’un instituteur (Jean Dumay, 1842-1911, fils de paysans). Ces deux grands-pères instituteurs avaient manifestement beaucoup compté dans la formation du petit Jacques. Le premier, se révélait la parfaite incarnation de ceux que Péguy surnommait les "hussards noirs de la République". Immense, radical de gauche, franc-maçon – et même vénérable de sa loge – il avait la religion en horreur et était fiché par le gouvernement comme "un bleu, très prêt à virer au rouge". Décoré de la Légion d’honneur, correspondant de La Dépêche de Toulouse, il avait terminé sa carrière comme directeur d’école à Brive et gérant de la Cité des Roses, un groupe d’HBM (Habitations à Bon Marché, ancêtres de nos HLM). Le second, également sévère, était un ancien jésuite ayant renoncé à sa vocation pour se marier et lui radical lui aussi terrorisait le petit Jacques par sa voix forte sinon tonitruante…

Bien connu, l’arbre généalogique de Jacques Chirac se retrouve en tout ou partie dans bien des arbres en ligne, à commencer par le bel arbre proposé sur Gene@star, où chacun pourra le consulter pour éventuellement – comme quelque 70 autres chercheurs – se découvrir cousin du défunt président.

Un arbre aux racines paysannes – avec exceptionnellement quelques rares artisans – essentiellement concentrées dans seulement deux départements, avec d’abord des communes de Corrèze et surtout dans la partie sud du département (Sioniac, Chauffour, Sainte-Féréole, Branceilles…) et des communes du Lot limitrophe (Comiac, Sousceyrac, Prudhomat, Loubejou…). Avec une incursion plus au nord, offerte par la lignée patronymique, originaire du village de Gros-Chastang, où les ancêtres ont vécu jusque vers 1820, époque du départ du trisaïeul maçon, et où le plus ancien connu, Jean Chirac, né vers 1607, était laboureur. Gros-Chastang, dont deux hameaux voisins portant le nom de Chirac, offrent la clé du patronyme. Gros-Chastang, proche également du Cantal, où une branche conduira au XVIIe siècle.

Une généalogie donc très concentrée géographiquement – comme pour la majorité des contemporains du défunt président – et qui sera la dernière de ce type pour un président de la République, contrairement à celles de ses successeurs, François Hollande détenant à ce jour le record de dispersion des racines, avec 12 départements !

Une généalogie très concentrée aussi socialement, avec un ancêtre maître de poste au XVIIe siècle et par le Cantal, une ancêtre née Rose d’Araquy, conduisant à la veille lignée noble des Fontanges, très explorée par Jacques Chanis, qui montre que le 22e président de la République devait cousiner avec le 19e, nommé Georges Pompidou, lui aussi descendant de paysans par des instituteurs et son parent au 25e degré, avec pour ancêtres communs l’écuyer Louis de Fontanges d’Auberoque, seigneur de Calmels, et Jeanne de Serumr, mariés en 1574. Un couple valant à Jacques Chirac et à Georges Pompidou de descendre tous les deux de nombreuses lignées de la noblesse régionale (Maulmont, d’Estaing, Noailles, Comborn, Gimel, Ussel, Ventadour….) et par elles des ducs de Bourgogne et de Lorraine, des Hohenstauffen, etc., y compris des Courtenay et donc de l’incontournable roi Louis VI le Gros comme encore du roi Alphonse de Castille et par lui de Mahomet…

Le découvrir descendant du prophète et cousin de Georges Pompidou : des surprises qui valaient la peine de se replonger dans l’arbre généalogique apparemment très connu de Jacques Chirac.

Photo : Georges Pompidou, alors Premier ministre de M. de Gaulle, et Jacques Chirac, secrétaire d'Etat chargé des Problèmes de l'Emploi lors de la négociation des Accords de Grenelle, le 26 mai 1968 (extraite du livre "Les 22 présidents de la République française", L'Archipel).

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