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Une nouvelle base pour le XVIIIe siècle : les marins et passagers de la Compagnie des Indes

C'est un grand bond vers le XVIIIe siècle qu'effectue Mémoire des Hommes. Jusqu'ici "cantonné" aux Morts pour la France des conflits du XXe siècle, le portail de recherches militaires devait nous offrir le 17 mai une nouvelle base patronymique : 111.000 noms ayant servi la Compagnie des Indes entre 1721 et 1770 ! Hélas, afin de régler les derniers détails techniques, la mise en ligne est retardée "de quelques jours". Mais dores et déjà, sous plusieurs aspects, cette mise en ligne est exceptionnelle.

D'une part, il s'agit d'une reconstitution virtuelle de fonds, autrement dit, un rassemblement sur Internet de fonds numérisés (ceux des Compagnies des Indes) dont autrefois les originaux étaient réunis en un seul lieu (Lorient) et qui aujourd'hui sont éparpillés en plusieurs endroits (Lorient, les Archives Nationales, les Archives d'Outre-mer, des archives départementales).

D'autre part, grâce au travail fourni par une poignée de bénévoles de l'Association des Amis du Service Historique de la Défense de Lorient, ces fonds ont été dépouillés (en grande partie) et la base de données patronymique qui en est issue permet aux généalogistes de rencontrer enfin cette histoire de mer plutôt méconnue. C'est celle d'une compagnie de commerce créée en 1664, ayant affrété des dizaines de navires sur lesquels ont embarqué des milliers de personnes. L'index permet d'interroger la base et d'y retrouver l'éventuelle présence d'un aïeul, soit comme mousse, timonier ou capitaine, soit comme passager. Le tout constitue un témoignage intéressant sur l'émigration normande vers le Nouveau Monde.

Cette nouvelle base est le fruit d'une expérience inédite de coopération entre le ministère de la Défense et l’association des amis du service historique de la Défense à Lorient (ASHDL), unis dans le dépouillement des archives et la création d’outils informatiques permettant leur consultation nominative. Le travail colossal des bénévoles trouve ici un formidable écho.

Signalons que dans le cadre de l’année des Outre-Mer, le site Mémoire des hommes n'esquive pas l'autre facette de l'histoire, celle de la traite négrière. Même si les listes de passagers sont plutôt muettes sur l'identité de certains passagers considérés comme des marchandises, sur certains navires, les esclaves retrouvent parfois une infime partie de leur dignité en étant simplement nommés, même par leur seul prénom.

Enfin, la partie cartes nautiques présente une sélection de cinq atlas de cartographes dont les noms apparaissent fréquemment dans les journaux de bord de la Compagnie des Indes, deux atlas néerlandais du XVIIe siècle, époque à laquelle les Pays-Bas dominent le marché cartographique, et deux atlas français du XVIIIe siècle, qui prennent alors le relais, l'un incluant le Petit Atlas maritime de Bellin consacré à l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Nord et les Caraïbes.

En attendant la mise en ligne de la base de données sur Mémoire des Hommes qui est imminente, les généalogistes peuvent déjà accéder aux images des journaux de bord de campagnes de traite (négrière) conservés aux Archives nationales, dans le célèbre fonds de la Marine (4JJ).

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