Infos

COVID : où en sont les associations de généalogie ?

1.png

Même si l'affluence est moindre, certaines associations, à l'image de celle de Loire-Atlantique, ont maintenu leurs permanences, en prenant des dispositions sanitaires de rigueur : gel hydroalcoolique, protection des claviers pour chaque utilisation, mise en quarantaine des documents consultés...
Crédits
Charles Hervis

Si on demande à Jean-Claude Le Bloas, secrétaire général du Centre généalogique des Côtes-d’Armor (G22) comment s’est passée l’année 2020, le bilan est plutôt satisfaisant : « Notre association a très bien fonctionné, sans perte d’adhérents ». Il faut dire que le CG22 met à disposition de ses membres tout un arsenal d’outils « et quand on fait des recherches d’ancêtres dans le département, on y trouve son compte, entre le site Internet et l’accès à Corail-net, le site qui comprend presque 10 millions de relevés. On n’est pas du tout à se plaindre de la période du Covid. Ce n’est pas fini bien sûr, mais on n’en a pas souffert ».

Direction maintenant plein sud, à Toulouse, chez Jean-Pierre Uguen, le président du Cercle généalogique de Languedoc, qui a un regard beaucoup moins enthousiaste : « On a fermé toutes nos sections locales à cause du confinement. On essaie de travailler avec un nouveau groupe de discussion sur Google. Et pour le reste, malheureusement, on ne fait plus rien. Il y a longtemps qu’on n’envoie plus nos adhérents faire des photos dans les mairies ou aux AD. Il y a pas mal de département chez nous qui ont mis en ligne beaucoup de choses donc, ça n’a pas d’intérêt pour nous ». Le président du CGL observe même un désintérêt pour les associations : « beaucoup de gens maintenant nous ignorent et préfèrent des groupes de généalogie sur Internet comme Généalogie 11, Généalogie 31, Lauragais… »

Une vision confirmée par Françoise Galliou, présidente du Centre de généalogie de Franche-Comté : « L’année 2020 s’est passée très mollement, il ne s’est pas passé grand-chose. Notre territoire étant assez grand, nous avons des sections sur le Jura, la Franche-Comté, le Territoire-de-Belfort. D’habitude, chaque section fonctionne différemment, mais là, tout le monde était à la même enseigne : les locaux où les gens se réunissent ont été fermés, les réunions périodiques, avec éventuellement des conférences, annulées ou reportées, les nombreuses manifestations, les salons régionaux, les expos de cartes postales auxquelles les sections participent ont aussi été annulées. On a quand même réussi à participer aux Journées du patrimoine à Montbéliard, Valentigney et Morteau, avec une conférence et une petite exposition sur les horlogers. Mais en manifestation publique, c’est à peu près tout ».

Peu d’impact sur les adhésions

Cette baisse de forme associative, en tout cas, ne se voit pas encore dans les chiffres du nombre d’adhésions. Au cercle des Côtes d’Armor, interrogé début janvier, la tendance est au palier depuis quelques temps : « actuellement, on est à 2 350, fin 2019 on était à 2 355, mais on se plaint pas du tout au niveau des adhésions. En revanche au niveau des abonnés au bulletin, ça diminue un petit peu, détaille Jean-Claude Le Bloas. Ça fait quelques années qu’on est passé au paiement d’adhésion par carte bancaire. Cela a un effet très positif pour le renouvellement. »

Chez les voisins du Finistère, la tendance n’est pas au palier, mais plutôt à l’emballement : « On n’a jamais eu autant d’adhérents. On a terminé l’année en faisant plus de 170 adhésions par rapport à l’année 2019. On a fini 2020 à 5 631 », jubile Jean-François Pellan. Le Cercle généalogique de Languedoc est sur la même tendance : « C’est vrai, on augmente le nombre de nos adhésions, à peu près 10 % de plus par rapport aux nouvelles adhésions que l’on enregistre habituellement chaque année », confirme Jean-Pierre Uguen. En revanche, en Franche-Comté, l’association a perdu 60 adhérents sur 900. Mais c’est un mouvement amorcé depuis longtemps. Il est difficile de savoir s’il est accentué par la crise. « Mais c’est aussi à nous de mieux faire connaître tout ce qu’on peut trouver dans une association », se dit Françoise Galliou.

Des relevés en ligne intensifiés

Comment justement les associations se sont adaptées à la pandémie ? Dans les Côtes d’Armor, on pense que la meilleure façon de lutter contre l’effet COVID consiste à continuer à encourager les bénévoles à faire des relevés. « On a la chance depuis pas mal d’années d’avoir les archives de notre département en ligne de manière très complète. Donc les bénévoles peuvent faire des relevés systématiques à partir de ces actes en ligne. Comme l’association est en très bons termes avec les Archives départementales, nous avons même signé une convention. On peut fournir par exemple les photos d’actes d’une paroisse sur une période donnée à un bénévole pour qu’il en fasse le relevé, il n’est pas obligé de se connecter sur les archives en ligne ». Les relevés du CG22 sont consultables gratuitement sur le site des Archives départementales. « Sur notre moteur de recherche qui s’appelle Corail-net, les adhérents bénéficient de tous les détails des actes alors que les simples visiteurs se contentent d’un résumé ».

A côté de ça, l’activité est à l’arrêt. Toutes les réunions qui se déroulaient soit au siège de l’association, soit dans une autre salle ou aux Archives départementales n’ont pu avoir lieu. Toutes les séances de formation ont été arrêtées. Le congrès régional qui aurait dû se tenir en octobre à Dinard a été annulé. L’assemblée générale 2019 n’a pu se tenir que début octobre 2020. Et celle de 2021 sera certainement décalée en mai ou juin. « Toutes ces réunions qui sont quand même conviviales, c’est dommage qu’on ne puisse pas les faire, mais d’un autre côté, on a plein de gens qui s’intéressent plus à la généalogie en cette période. Donc je pense que ça a été à la limite presque positif pour les associations », relativise Jean-Claude Le Bloas.

55ansbetl.png

Sans la dimension conviviale des associations, les adhérents poursuivront-ils leur engagement ?
Crédits
Cercle généalogique de Languedoc

Le Centre généalogique du Finistère essaye aussi de maintenir l’intérêt de ses adhérents avec le lancement d’une lettre d’information envoyée tous les quinze jours, pour faire le point sur les nouveaux actes, les nouveaux relevés publiés. « Cette lettre donne de l’information, mais elle fait aussi un renvoi sur des anciens articles publiés dans la revue. On leur parle de notre base Bagad, de généalogies de célébrités. Par exemple, on a publié les parentés de François Cuillandre, le maire de Brest, avec un archevêque du Canada et la comédienne Gwendoline Hamon. On a fait des cousinages pour Le Drian, pour Miossec, pour Pierre Jakez Elias, pour les navigateurs comme Armel le Cléach, etc. On a une centaine de célébrités en ligne », raconte Jean-François Pellan.

Au CGF, la période Covid a été mise à profit pour poursuivre les campagnes photos des actes d’état civil. « Dès la fin du confinement, nous sommes revenus dans les mairies pour compléter ce qui n’est pas mis en ligne par les Archives », poursuit Jean-François Pellan. Dans le Finistère, les Archives départementales ont numérisé l’état civil pour le XIXe siècle et le début du XXe siècle. Pour les actes antérieurs à la Révolution, les registres paroissiaux d’avant 1792, il y a uniquement 79 communes qui ont été numérisées et elles ne l’ont été qu’à partir de microfilm. « C’est quand même peu, sur les 277 communes du Finistère, c’est pour cela que depuis des d’années, nous photographions les actes dans les Archives ou dans les mairies. On a beaucoup dépouillé. On a fait beaucoup de relevés. Si vous n’adhérez pas chez nous, vous n’avez rien ou presque. On est un peu un passage obligé. Certains actes, trop détériorés aujourd’hui, ne sont trouvables que chez nous », se réjouit le président du CGF.

Une lassitude pour le virtuel

L’ambiance est tout autre dans le Languedoc. Jean-Pierre Uguen commence à trouver le temps long : « Nous faisons partie des associations qui ne travaillent pas que par Internet. En temps normal, nous organisons des cours d’initiation, des permanences, des réunions, des formations. Tout ça, ce sont de vraies activités qui sont au cœur des rencontres. Il est très difficile de mettre en place des adaptations ». Et puis le président sent chez ses adhérents une certaine forme de lassitude pour le virtuel : « J’ai beaucoup de gens âgés dans notre association, au moins 200 personnes ne sont pas équipées informatiquement à cause de leur âge. Et puis les gens ont en marre de tous les Google, Yahoo, Facebook. Et quand ils n’utilisent pas l’informatique et habitent loin de nos locaux, certains commencent à se dire, la généalogie, tant pis, je laisse tomber ».

Le Cercle de Languedoc n’a cependant pas attendu la pandémie pour développer ses ressources en ligne : « On a mis toutes nos revues sur Geneanet. Donc les gens peuvent les consulter ; les adhérents peuvent les consulter gratuitement chez nous. Nos relevés sont sur HeredisOnline. On a une base de données dédiée aux mariages. Alors bon, il y a quand même des gens qui nous envoient des fichiers mais c’est très minime par rapport aux autres années ». Il faut dire aussi que lorsque les adhérents posent des questions, le Cercle généalogique de Languedoc se met en quatre pour leur répondre dans les 48 heures. Une réactivité appréciée.

Pour Françoise Galliou, le virtuel peut justement être une alternative intéressante. « Je ne suis pas trop la reine de l’informatique mais l’autre jour, on a fait un Conseil d’administration et l’un des vice-présidents a fait une petite communication. Il avait enregistré une vidéo pour expliquer justement comment fonctionne le forum virtuel de la FFG. Donc ça m’a donné des idées ! J’envisage d’enregistrer une présentation de mon rapport moral en vidéo pour que les gens aient plus envie d’aller le voir que de lire ce truc qui est un peu rébarbatif… Et surtout, je me dis qu’on va proposer aux conférenciers de venir quand même faire leur conférence, mais de les enregistrer et de les mettre sur notre site. Comme ça, elles seront accessibles au plus grand nombre ».

Retrouvez cette actualité dans nos publications

Commentaires

3 commentaires
  • Portrait de Michel J.

    Après une année 2020 quasi- inexistante en salons depuis le 17 mars ceux-ci ont l’air de vouloir repartir ( ex. Aubrac, Cantal...) mais «  l’actualité sanitaire »,comme l’ on dit, leur laissera t- elle la possibilité d’avoir lieu même avec des participants masqués à 1,50m les uns des autres et se lavant au gel idoine à tous bouts de champs ?
  • Portrait de vannier

    je d'accord avec Albert Denis bravo aux associations , et en tant que contributrice je fais très attention de marquer ce que je vois mais aussi de vérifier si ce que j'écris est correct. comme je n'ai commencé qu'il y a peu de temps certaines écritures sur les actes me sont très étranger donc j'ai préférer refuser de le traiter et prendre autre chose comme contribution pour aider. merci encore à tous ceux qui œuvrent dans l'anonymat. cordialement nanael16
  • Portrait de ALBERT Denis

    Bonjour à tous les généalogistes amateurs dont je suis, Au travers de cet article, on peut constater comme il est dit que la situation est très contrastée d'une association à l'autre, alors faut-il se poser la vraie question: pourquoi ??? Moins d'adhésions parce que les personnes intéressées par la généalogie "travaillent" plus en virtuel. Que ces gens-là pensent bien qu'avant de profiter des relevés dématérialisés, les association sont là pour ordonner le processus. D'ailleurs et c'est bien le problème rencontré quand on on travaille avec certaines données collectées qui s'avèrent fausses faute d'avoir été vérifiées ou mal vérifiées lors du dépouillement des actes considérés, il existe un certain nombre de contributeurs qui, maladroitement, ne pensent qu'à faire du chiffre en nombre de collectes plutôt que de la qualité. En conclusion, les adhésions sont nécessaires pour apporter aux associations de quoi travailler correctement, et même si je maintiens les reproches figurant supra, un grand merci à toutes ces associations. Cordialement denalbert

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.