Francis Chassagnac (FFG) : "Rétablir la confiance et la transparence"
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À la veille de la prochaine assemblée générale, le nouveau président de la Fédération française de généalogie, Francis Chassagnac, dresse un état des lieux de la situation, suite à la démission de l’ancienne équipe, et évoque ses projets pour "rétablir le contact avec les associations et les généalogistes".
Quelles sont vos priorités comme nouveau président de la FFG ?
Je veux rétablir la confiance et la transparence avec les associations fédérées. Cette équipe d’anciens qui a été élue va aussi essayer de redresser la situation financière et de perdre le moins d’argent possible. Parce qu’on nous a laissé un paquet de factures à payer, j’en découvre chaque mois. On va le faire sans augmenter la part fédérale de la cotisation des associations. Petit à petit, on remet la machine en route et les chiffres vont parler. On a réduit la voilure sur tous les postes de dépense, les administrateurs paient la plupart des déplacements de leur poche. L’avantage d’une équipe plus âgée, c’est que beaucoup d’entre nous avons la carte Senior et payons le train vraiment moins cher !
Quelle est la situation financière ? La FFG est-elle en faillite ?
Heureusement non, car nous avons des réserves, mais elles ont fondu comme neige au soleil. Le 3 février, quand j’ai été nommé président, je n’avais connaissance d’aucun contrat signé par l’ancienne présidente. Il m’a fallu trois semaines pour accéder aux comptes bancaires et je n’ai toujours pas la comptabilité. En bref, je ne savais pas où on allait, mais à présent, j’ai quand même quelques idées.
Il y a un trou : il manque 30 000 euros pour assurer l’équilibre de notre budget. Il y a eu des dépenses inconsidérées : l’ancienne présidente a signé plusieurs contrats, seule, sans en parler ni à son bureau, ni aux administrateurs. Elle a fait payer la première échéance et après, elle ne s’en est plus occupée.
Le contrat d’assurance regroupant toutes les garanties pour les associations, je le connais bien, je suis un ancien assureur, c’est moi qui l’ai négocié. Je pensais qu’on allait en discuter et recontacter la direction de la MAIF pour obtenir certains avantages, renégocier certaines clauses. Elle a signé le projet directement et a engagé la Fédération sans échanger. Ce contrat d’assurance, on va le continuer, on n’a pas le choix.
"Il y a un trou : il manque 30 000 euros pour assurer l’équilibre de notre budget."
L’autre sujet, c’est la Maison virtuelle de la généalogie : c’est arrêté, on n’a jamais su combien il y avait de visiteurs. Quant à la manifestation généalogique de La Napoule, c’est en suspens, parce que l’ancienne présidente avait signé avec l’agence Touristra, alors même qu’elle savait que cette société était en redressement judiciaire. Depuis, elle a d’ailleurs été placée en liquidation. Mais ce n’est peut-être pas fini, une autre société de tourisme a repris les lieux. De toutes les façons, il n’y a pas eu de pertes, parce que les chèques d’acomptes versés par les personnes inscrites leur ont été retournés. Mais avant d’aller plus loin, on attend les conditions proposées par la société repreneuse. On a très envie d’y revenir, car c’est un lieu magique, un village de vacances dans le golfe de Cannes avec plusieurs jours de conférences de généalogie, c’est quand même unique.
L’un des problèmes de la Fédération, c’est le coût élevé de ses locaux…
Dans la Tour Essor à Pantin, c’est vrai que ces locaux nous coûtent cher, le même prix qu’un loyer à Paris. Ce coût est lié aux problèmes d’impayés des autres propriétaires quand il y a des travaux à faire : des sociétés étrangères propriétaires de locaux dans les étages inférieurs ne payent plus les charges depuis plusieurs années. Une procédure de vente judiciaire est en cours, après on y verra plus clair. Mais ces locaux sont utiles, des associations s’y réunissent pratiquement tous les jours, ainsi que les administrateurs. Et on a des ordinateurs, des photocopieurs, tout un tas de matériel. On a besoin de locaux, on ne peut pas mettre un bureau sur le trottoir. De plus, c’est difficile à vendre, parce qu’on ne connaît pas le montant de réparations liées à l’amiante.
Comment allez-vous assurer la cohérence et la stabilité après la crise qui a marqué la Fédération ?
Je ne veux pas appeler cela une crise : cinq administrateurs en désaccord sur les 28 membres du bureau, ce n’est pas de nature à empêcher la cohésion et la stabilité de la nouvelle équipe. On a fait une réunion en avril, cela s’est très bien passé, il y a quatre administrateurs qui ronflent et une cinquième qui est absente, l’ancienne présidente. Elle est toujours membre du conseil d’administration, mais elle n’y a plus mis les pieds depuis sa démission du bureau au mois de février. On a du mal à récupérer les archives, on a du mal à récupérer les comptes, il n’y a pas eu de passation de pouvoir. Personnellement, je trouve ça scandaleux. Mais cela ne nous empêche pas d’avancer. Nous finalisons le recrutement d’une nouvelle secrétaire, après la démission de la précédente.
Quelles seront vos initiatives pour redynamiser le milieu associatif ?
On va rester très pragmatiques, on veut d’abord rétablir le contact avec les associations et les généalogistes. C’est pour cela qu’on édite une nouvelle lettre de la Fédération qui s’appelle Généalogiquement Vôtre, pour leur dire ce qui se passe et leur montrer à quoi on sert. Trois numéros ont déjà été largement diffusés et sont consultables en ligne sur notre portail. On veut aussi arrêter l’hémorragie de départ des associations : quatre sont parties et d’autres sont revenues ou vont revenir. Il est question que le Centre généalogique du Finistère de Jean-François Pellan, fort de ses 5 300 adhérents, reprenne son adhésion.
"On a du mal à récupérer les archives, on a du mal à récupérer les comptes, il n’y a pas eu de passation de pouvoir."
Vu l’état de nos finances, pour l’instant on ne peut pas se permettre de faire de grands projets ni de choses extravagantes. Il faut rester un peu maigre pour pouvoir remonter. Donc on va simplement reprendre les projets qui étaient laissés de côté. Par exemple, redémarrer le relevé des morts de la guerre de 1870 qui nous a été demandé il y a deux ans par les ministères de la Culture et des Anciens combattants. Ça ne coûte pas cher et c’est très efficace, car cela repose sur du bénévolat. Nous allons aussi rationnaliser les sites internet, car aujourd’hui, nous en avons quatre qui ne sont pas tous tenus à jour. Et nous allons travailler sur le prochain Congrès qui aura lieu en 2025, trouver une association pour l’organiser et définir une ville d’accueil. C’est impressionnant de voir le Congrès de Salt Lake City qui fait 35 000 entrées et 500 000 connexions par jour, mais à notre échelle, nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes capables de faire. Je reviens de Morlaix [ndlr : ville où le Centre généalogique du Finistère a célébré ses 40 ans pendant trois jours], il y a eu plus de 2 000 entrées. On n’est pas morts, les gens se déplacent pour la généalogie en France. Certes, il y a une légère baisse du nombre des adhérents des associations de généalogie, mais elle n’est pas alarmante. Le nombre a tendance à baisser dans les grandes villes, mais à augmenter dans les territoires plus ruraux.
Vous étiez justement à Salt Lake City pour tenir le stand de la Fédération à Rootstech fin février, début mars. Comment cela s’est-il passé ?
L’ambiance était bonne aux États-Unis. C’était la première fois que je voyais autant de personnalités venir au stand. On a noué beaucoup de contacts, on a eu le sous-directeur des Archives de France, Jean Charles Bédague, venu pour une conférence et qui ensuite a eu l’occasion de mieux nous connaître. Il s’est pris au jeu et a répondu aux gens qui passaient. On a eu aussi le directeur des Archives de Tunis qui veut travailler avec nous, des gens de la Réunion, la directrice des Archives de Nouvelle-Calédonie, un Gabonais, des Canadiens, des Allemands. C’est un bilan très positif et c’est normal que la première Fédération mondiale de généalogie y soit représentée. De plus, on y est admirablement bien reçus par FamilySearch.
Votre mandat court jusqu’à 2025. Êtes-vous un président de transition ou allez-vous vous inscrire dans la durée ?
Je n’en sais rien. Si Dieu me prête vie, on verra comment ça se passe. De toutes les façons, vu mon âge [ndlr : 82 ans], je ne resterai pas 50 ans, mais tant que je peux faire des choses, me rendre utile… J’ai déjà réservé le stand de la Fédération pour l’année prochaine aux États-Unis...
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