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Généalogies protestantes : Les Moré

Depuis plus de 20 ans, Olivier Drault (lire son interview ci-dessous) fouille et analyse les archives à la recherche de documents concernant les Moré et leurs alliés, familles protestantes implantées en Saintonge, en Aunis, en Angoumois et en Guyenne, dont les descendants ont largement alimenté la forte émigration calviniste vers l’Angleterre, l’Irlande, les Pays-Bas ou le Nouveau Monde après la Révocation de l’Édit de Nantes. L’auteur a notamment décortiqué les archives notariales, les fonds judiciaires et privés, souhaitant toujours revenir à la source pour étayer ses recherches de manière sûre.

Au fil des pages du livre qu’il publie aujourd’hui, nous entrons dans l’intimité des familles grâce à une fine analyse des stratégies matrimoniales et patrimoniales qui ont conduit à une forte endogamie. C’est un ouvrage très impressionnant par sa qualité et le volume d’informations qu’il offre au travers de parcours individuels et collectifs.

Trois questions à Olivier Drault

Olivier Drault est professeur d’histoire, diplômé d’un master de recherches de l’Université de Bordeaux et membre du Cercle généalogique de Saintonge, ainsi que de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis. Ce qui explique en grande partie son intérêt pour les familles protestantes de ces provinces (lire la présentation du livre ci-dessus).

À qui s’adresse votre livre ? 

Cet ouvrage s’adresse d’abord aux généalogistes qui y trouveront une véritable mine de renseignements inédits et toujours référencés concernant des dizaines de familles du Sud-Ouest et des centaines de lieux, du milieu du XVIe à la fin du XIXe siècle. D’autre part, les amateurs d’histoire locale et régionale ou les universitaires s’intéresseront à ce milieu protestant, souvent très actif dans l’économie et la vie sociale, entretenant des réseaux familiaux forts face à l’adversité du pouvoir royal.

Qu’est-ce qui est le plus difficile quand on travaille sur des familles protestantes ? 

Les sources essentielles utilisées par les généalogistes sont souvent absentes pour les protestants sous l’Ancien Régime : les registres pastoraux des XVIe et XVIIe siècles sont très lacunaires et disparaissent à la Révocation de l’Édit de Nantes (1685). Quant aux registres dit du « Désert », ils n’apparaissent progressivement qu’à partir du second tiers du XVIIIe siècle. Il est donc indispensable d’exploiter un grand nombre d’autres sources afin d’obtenir des filiations certaines : archives notariales, registres des juridictions (Présidiaux, Parlements), fonds de manuscrits détenus par des institutions françaises ou étrangères, fonds privés. À ceci s’ajoute une grande dispersion géographique de ces sources : en effet la majorité de ces protestants saintongeais pratiquent le négoce et se déplacent beaucoup. Aussi les alliances endogamiques se nouent parfois avec des familles fort éloignées (Guyenne, Languedoc, Royaume d’Angleterre, Provinces-Unies ou colonies anglaises d’Amérique). Il s’agit donc d’une quête généalogique qui demande beaucoup de patience et de ténacité. 

Quelles sont les découvertes les plus surprenantes, voire extraordinaires, que vous ayez faites en 20 ans ?

Les découvertes et les surprises furent très nombreuses ! Ainsi quelle joie après six années de recherche de découvrir que les archives privées de la branche aînée des Moré étaient déposées en Ariège, conservées par une descendante qui s’y était mariée (plus de 200 pièces manuscrites allant du XVIe au XIXe siècle dont un livre de raison, des généalogies, des registres de commerce). Que d’émotions en parcourant les correspondances très touchantes et souvent douloureuses entre les membres de la famille persécutés et contraints à l’exil et leurs parents restés dans le royaume. Enfin que d’émerveillement devant ce magnifique décalogue d’inspiration protestante sculpté dans la pierre, daté de 1694 et commandé par Claude Moré en pleine tourmente religieuse pour son logis (déplacé depuis dans le temple de Jarnac)…

Références

Généalogies protestantes (Angoumois Aunis Guyenne Saintonge) – Les Moré, descendances et familles alliées, (XVIe-XIXe siècles), Olivier Drault, TheBookEdition.com, 2021, 431 pages, 30 €, ISBN : 979-10-699-6917-9

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Commentaires

1 commentaire
  • Portrait de Colette LLORCA

    Temple de Jarnac: l'étonnante duplicité des évènements veut que je viens de terminer un article pour la revue de l'association des Vaudois en Allemagne, sur Guillaume Berneaud (1768 Hanau-1835 Jarnac), descendant de refugiés huguenots et vaudois, pasteur au temple de Jarnac de 1805 à 1825. La maison natale de François Mitterand, à deux maisons du temple, doit être construite à la place de l'ancien presbytère, vendue vers 1850 par un "pasteur protestant", à M. Lorrain, arrière grand-père de Mitterand. Le pasteur en question était un gendre de Guillaume Berneaud, lui-même pasteur à Rochefort.

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