Instruction générale sur le secret Défense : un recours au Conseil d'Etat
Archivistes et historiens sont vent debout contre la nouvelle version de l'IGI 1300, cette instruction interministérielle qui le régit le secret défense. Ils ont décidé de saisir le Conseil d'Etat pour demander son annulation.
Car loin de se conformer à la loi sur les archives de 2008, ce texte réglementaire entrave toujours plus l’accès aux archives contemporaines, dénoncent l’Association des archivistes français, l’Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la recherche et l’Association Josette et Maurice Audin.
La démarche est également soutenue par un collectif d’archivistes, de juristes, d’historiennes et d’historiens dont Robert O. Paxton, Antoine Prost et Annette Wieviorka, vice-présidente du Conseil supérieur des Archives, relayés par une pétition signée par plus de 18.000 personnes.
C'est l'application "à la lettre" de ce texte réglementaire qui suscite le courroux des archivistes et historiens, puisqu'elle conduit à subordonner toute communication de documents antérieurs à 1970 et portant un tampon « secret » à une procédure administrative dite de « déclassification ». Des recherches se trouvent ainsi bloquées pendant des mois, et parfois des années.
Une situation d'autant plus mal vécue que ces restrictions d’accès portent parfois sur des épisodes sensibles comme l’Occupation, les guerres coloniales, l’histoire de la IVe et de la Ve République.
La nouvelle version de l'IGI 1300 est contestée "parce qu'elle contrevient à la loi de 2008 sur les archives qui prévoit que les archives publiques dont la communication porte atteinte au secret de la défense nationale deviennent « communicables de plein droit » à l’expiration d’un délai de 50 ans, sans qu’aucune autre condition particulière ne puisse être exigée. Tous les documents de ce type antérieurs à 1971 devraient donc être librement accessibles aux citoyennes et aux citoyens en 2021, expliquent les opposants".
Cette nouvelle version de l’IGI "fixe de manière arbitraire le périmètre du secret-défense en imposant la date de mars 1934 : tout document postérieur à cette date portant un quelconque tampon « secret » doit faire l’objet d’une demande de déclassification auprès des services émetteurs. Les critères de déclassification (ou de refus de déclassification) ne sont pas précisés, ouvrant la porte à une gestion arbitraire de l’accès aux archives de la Nation".
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