Jeanne d’Arc est-elle bien née le 6 janvier 1412 ?
Comme pour tous les personnages de ce type, la vie Jeanne d’Arc a fourni aux historiens – et aux généalogistes – une inépuisable source de débats.
La noblesse de ses "descendants", sujet analysé par Julien Bernigaud dans le n° 155 de La Revue française de Généalogie, avec des Lettres patentes de Charles VII, dont on n’a plus les originaux, et qui auraient instauré, en 1429, une noblesse transmissible par les femmes.
Ses origines. Son père, Jacques d’Arc était laboureur et petit propriétaire déjà aisé, qui comptait au nombre des notables du lieu (il prend à bail, en 1420, le château de Bourlemont, occupe en 1423 la fonction de doyen - chef de la communauté - et est en 1426 collecteur des impôts et procureur). Sa mère, Isabelle Romée, également aisée, est souvent nommée Devouton ou de Vouthon et aurait été surnommée Romée en référence à un pèlerinage à Rome…
Jeanne n’avait donc pas vraiment le profil d’une bergère. Mais rien apparemment ne permet d’aller plus loin… Sa famille n’était nullement noble. D’Arc et de Vouthon étaient des patronymes classiques, avec des prépositions évoquant des origines géographiques. Claires pour le second (Vouthon-Haut et Bas, à 5 km de Domrémy), moins pour le premier, avec deux possibilités : Arc-en Barrois (52) et Art-sur-Meurthe (54), localité autrefois couramment orthographié Arc.
Mais la question a passionné. Certains ont voulu faire de Jacques d’Arc, qui semblait natif de Ceffonds (52), le descendant des chevaliers d’Ailly, originaires de Darney (88), dont une branche serait passée par Arc-en-Barrois. De même, on a fait d’Isabelle de Vouthon, la fille d’un seigneur de Salm, ce qui la faisait descendre des ducs de Basse-Lorraine, d’une tante d’Hugues-Capet et des Carolingiens (Louis IV, Charles III, Charlemagne…).
Voir à ce sujet divers sites, dont Les secrets de Jeanne ou des arbres en ligne, sur GeneaNet.
D’autres en feront une Bourguignonne et même une Alsacienne (du fait que le nom de son père, dans un document, avait été écrit Tarc). Le plus fort étant la thèse, publiée en 1802 par un sous-préfét de Bergerac, Pierre Caze, qui voyait en elle une demi-sœur de Charles VII, bâtarde de la reine Isabeau de Bavière et du duc d’Orléans (d’où son nom de Pucelle d’Orléans !), que l’on aurait fait élever en cachette par Isabelle Romée, à Domrémy (du fait que le dauphin, frère aîné du futur Charles VII, mort prématurément, avait eu pour gouverneur un certain Guillaume d’Arc).
Le journaliste lorrain Marcel Gay voit en "l’affaire Jeanne d’Arc" une opération de services secrets, calquée sur l‘histoire de Jésus et récupérée par l’Eglise, dans les années 1870.
Son année de naissance. Le choix de 1412 s’appuie sur l’âge déclaré dans son procès (18 ou 19 ans, en 1431), mais une plaque apposée sur le parvis de la cathédrale de Toul indique que "s'étant présentée seule lors d'un procès matrimonial intenté par son fiancé (un fiancé éconduit, dont on ignore le nom…) en 1428", elle aurait alors été majeure (20 ans selon le droit local) et serait donc née au plus tard en 1408.
Son jour de naissance. Le 6 janvier, jour de l’Epiphanie, se fonde sur une curieuse lettre écrite en 1429 au duc de Milan par un certain Perceval de Boulainvilliers, racontant avec force détails le dépôt de l’enfant mystérieux à Domrémy, où les coqs auraient alors chanté pendant plus de deux heures…
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Commentaires
Excellent article de Jean
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