Jules Vacheresse, canonnier
L’arrière-grand-père de mes fils, Jules Vacheresse, est né le 22 février 1898 à Pierrefontaine les Varans dans le Doubs.
Pour lui, la guerre a commencé le 3 mai 1917 lorsqu’il est mobilisé à Dole. Il est envoyé faire ses classes à Bordeaux puis est revenu à Dole. De là, il est parti sur le front en tant que canonnier du 333e régiment d’artillerie lourde. Il est arrivé du Chemin des Dames à Verdun, le 22 février 1918, jour de ses vingt ans…. Le front et le tir nourri des Allemands comme cadeau d'anniversaire. Des mois à vivre dans des sapes boueuses et froides, à guetter, à obéir aux ordres, à voir mourir des hommes.
Le 12 juin 1918, l’offensive allemande est terrible. Il racontait : « j’aurais pu mourir mille fois, je n’ai jamais pensé à la mort, j’y ai pensé après (…) Des soldats, des gamins de mon âge tombaient à côté de moi tellement les obus pleuvaient. On ne pouvait même pas aller ramasser les corps. Il fallait continuer à tirer. »
Il recevra la Croix de guerre avec la citation suivante : « 3e corps d’armée, 333e régiment d’artillerie lourde, excellent canonnier servant à la première batterie, s’est distingué le 12 juin 1918 par son calme et son sang-froid en continuant à servir sa pièce pendant deux heures sous un bombardement d’une extrême violence »
Il vivra jusqu’à sa103e année, en taisant au maximum l’enfer vécu pendant cette Première Guerre mondiale car les images inscrites dans sa mémoire étaient si terrifiantes que le simple fait d’en parler était une réelle souffrance.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.