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L'histoire familiale de Charles Aznavour

On sait qu’à l’état civil, le chanteur portait le nom d’AZNAVOURIAN. Un nom de baptême arménien signifiant "noble (azniv) et beau (avur’)". Nom qu’il fera officiellement raccourcir, en 1982, pour lui et ses enfants et devenir Aznavour, tout court, comme sur scène, pour l'avoir lui-même simplifié, à l’âge de 9 ans, lorsqu'il rêvait de devenir acteur.

Contrairement à ce que l’on peut parfois lire, il ne se prénomme ni Ravenagh ni Shahnourh Varinag, pour être bel et bien Charles tout court et tout simplement, sur son acte de naissance, rédigé en date du 22 mai 1924 à la mairie de Paris 6e. Un acte pourtant bien fantaisiste, en ce que, si le père est bien désigné comme Mamigon Aznavourian, artiste, âgé de 26 ans, la mère y est nommée Enache Papazian, alors qu’elle se nommait Knar Baghdassarian... Une erreur ou plutôt une approximation classique, dans l’état civil des familles d’exilés, à l’histoire chahutée.

Car avant de se retrouver à Paris, les Aznavourian avaient traversé de terribles épreuves.

Fils d’un cuisinier du gouverneur d’Arménie, Mamigon était né en 1897, à Akhaltsikh, au Caucase (aujourd’hui en Géorgie, autrefois en Russie). Très jeune, il était parti, tenter sa chance à Istanbul où, doté d’une superbe voix de baryton, il avait commencé une carrière de chanteur, qui lui avait rapidement donné l’occasion de rencontrer Knar, comédienne et Arménienne elle aussi, qui avait perdu toute sa famille à l’âge de quinze ans, lors du génocide. Ils s’étaient mariés et avaient, sans attendre, embarqué sur un bateau italien, grâce au passeport russe du mari et à la générosité d’une riche Arménienne voulant sauver ses compatriotes démunis.

D’abord fixé à Salonique, où était née Aïda, la sœur aînée de Charles, le couple avait ensuite décidé de gagner les États-Unis, en empruntant un cargo français, qui les avait débarqués à Marseille, en octobre 1923. Knar est à nouveau enceinte – de Charles, qui naîtra à Paris, où le hasard les a conduit et où ils gagneront tant bien que mal leur vie.

Elle sera couturière et lui cuisinier, pour avoir été rejoint par son père, Misaak (né lui aussi en Russie en 1870), avec lequel il va ouvrir un restaurant arménien, nommé "Le Caucase", rue Champollion. Une fois les repas servis, il chante pour les clients, qui sont majoritairement des exilés d’Europe centrale, avant de prendre un café, rue du Cardinal-Lemoine, juste en face de l’École des Enfants du Spectacle, où l’on inscrira bientôt le petit Charles, qui rêvera de devenir acteur. Ainsi le chanteur a grandi dans une famille d’artistes et surtout de musiciens : Mamigon jouait du tar, du kamentche et du deff, les instruments arméniens traditionnels ; Knar et Aïda l’accompagnaient au piano.

La famille obtiendra la nationalité française, en 1947, après dix-neuf ans d’attente et même si Mamigon s’était en 1939 engagé dans l’armée française et dans la Résistance en 1941, sa famille secourant les Juifs.

Né en France, Charles, dira s’être toujours senti "Français jusqu’au bout des ongles". Peu importe sa généalogie. Généalogie au reste évidemment mal connue, avec au mieux les éléments mis en ligne sur Geneanet dans l’arbre de Wikifrat.

Photo par Mariusz Kubik - Travail personnel, CC BY 3.0

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