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La base de données génétique Gedmatch rachetée par un pro de la recherche policière

Aux Etats-Unis, la nouvelle a secoué tout le monde de la généalogie génétique : la base de données Gedmatch vient d'être rachetée par Verogen, une firme de San Diego en Californie dont la spécialité est l'utilisation des bases de données génétiques pour retrouver des criminels pour le compte de la police.

Gedmatch, jusqu'à ce qu'elle soit détournée de ses buts originaux, était une base de données génétique libre, non commerciale destinée avant tout aux généalogistes soucieux de faire des comparaisons de profils afin de retrouver des parentés par l'ADN. Elle offrait, croyait-on, de bonnes protections contre le détournement par des usages non sollicités.

Mais alors que la grande crainte des généalogistes génétiques était plutôt de se faire piller de précieuses informations sur leur potentiel de santé et de développement de maladies, parfaitement lisible dans des résultats ADN, une menace inattendue est apparue. Avec les travaux de la généalogiste génétique CeCe Moore, la base Gedmatch a été utilisée pour retrouver des auteurs de crimes non résolus. Avec un énorme succès, puisque 70 criminels ont été arrêtés par cette méthode par l'ADN généalogique.

La base de données Gedmatch n'avait dans un premier temps pas réagi et donc laissé faire cette réutilisation non prévue dans ses statuts. Puis elle avait fini par promettre, en mai 2019, de séparer ses 1,3 million d'utilisateurs en deux catégories. D'un côté, 185.000 d'entre eux avaient accepté l'utilisation de leurs données à des fins policières et de l'autre, la majorité, ceux qui s'y refusaient et dont les données étaient devenues, de fait, inaccessibles à des utilisations non souhaitées.

Récemment, un autre trou dans la raquette était apparu, quand la police d'Orlando avait obtenu de la Justice de Floride le droit d'accéder à l'intégralité de la base Gedmatch, quand bien même certains utilisateurs s'y étaient opposés.

C'est pour cela que l'annonce du rachat de Gedmatch, ce 9 décembre 2019 par Verogen laisse un goût amer aux centaines de milliers d'utilisateurs de la base de données, autrefois libre. Verogen, créée en août 2017 à partir d'Illumina se consacre exclusivement à la fourniture d'instruments, de logiciels, de réactifs et de consommables pour l'identification humaine à des fins médico-légales et biométriques.

Curtis Rogers, le fondateur de Gedmatch se veut rassurant : "Les conditions d'utilisation de GEDmatch ne changeront pas", a t-il déclaré, tandis que le patron de Verogen, Brett Williams a fait des déclarations similaires : "Nous sommes résolus à protéger la vie privée des utilisateurs et nous nous opposerons à toute tentative future d'accès aux données de ceux qui n'ont pas choisi de le faire."

D'après ces messages, ce rachat aura même des conséquences positives sur le site de généalogie qui sera rendu "plus stable et plus convivial avec des facultés de recherches accrues". De ce côté-ci de l'Atlantique, ces belles promesses seront examinées très attentivement, spécialement en France, où la recherche généalogique par l'ADN et même la recherche policière de cold cases est interdite ou freinée par les dispositions légales les plus sévères du monde...

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