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La correspondance des civils, témoins de la Grande Guerre

Nous vous avions fait un compte rendu détaillé fin décembre des six interventions de la session consacrée aux " Sources généalogiques et Grande Guerre aux Archives nationales" organisée à Pierrefitte-sur-Seine.

Nous vous donnons écho ici d'une autre session consacrée aux "Civils et la Grande Guerre : sources choisies aux Archives nationales". Après avoir présenté l'utilité des décorations (dans un précédent article), nous nous intéressons ce jour à "la correspondance des civils, témoins de la Grande Guerre, dans les fonds privés", exposée par Zénaïde Romaneix.

Depuis plusieurs années, de nombreux journaux, carnets intimes et correspondances de poilus ont été publiés… mais beaucoup moins de civils. Leurs correspondances mériteraient pourtant d’être mieux étudiés.

En l’absence d’un état des lieux exhaustif de ces sources, il est nécessaire de recourir à différentes astuces pour les repérer dans les fonds susceptibles d'en contenir.

Pour retrouver ces archives dans les fonds privés, trois points d'entrée sont possibles :

  • chronologique (1914-1918) d’abord,

  • biographique ensuite (en ciblant les fonctions professionnelle de l’individu),

  • typologique enfin (pour repérer la présence de correspondance dans un fond).

Les auteurs civils les plus évidents de cette correspondance sont :

  • des personnalités occupant des fonctions publiques, des chefs de partis, des élus car ce sont à la fois des responsables et des intervenants privilégiés pour recevoir les courriers de sollicitation, de plaintes, voire d'insultes ou de menaces émanant des adhérents de leur parti, de leurs électeurs ;

  • les personnes qui jouent un rôle reconnu dans des domaines scientifiques ou culturels.

On retrouve l’inventaire en ligne des fonds privés principalement dans la série AP "Archives personnelles et familiales" et AS "Archives d’associations". Voici quelques exemples des correspondances que l’on peut y retrouver

Parmi les fonds de députés et/ou ministres, nous en avons retenu trois :

  • celui d’Alexandre Ribot (563 AP), ministre des Finances d'août 1914 à mars 1917, président du Conseil et MAE en mars 1917. Sa correspondances se révèle plutôt décevante. Celles liées à la Guerre se limitent surtout à des nouvelles locales du Pas-de-Calais, en des souhaits patriotiques, des félicitations et remerciements pour son action.

  • celui d’Aristide Briand (598AP) - et de son secrétaire particulier, Gilbert Peycelon (370AP) -, avocat et journaliste, député PS de la Loire de 1902 à 1922, ministre de la Justice de 1914 à 1915, président du Conseil et ministre des affaires étrangères de 1915 à 1917. On y trouve en 598AP/2 (IR en ligne) la correspondance de particuliers relative à la guerre 1914-1917, des lettres de soutien à la paix mais aussi des lettres assez "loufoques".

  • celui de Sembat-Agutte (637AP), journaliste, député de la Seine de 1893 à 1922, ministre des travaux publics de 1914 à 1916. Contient en 637AP/49 à 81 du courrier reçu en tant que ministre, classé de manière thématique et chronologique.

Parmi les fonds d'intellectuels et politiques :

  • celui Jean Guiraud (362AP IR en ligne), universitaire, catholique engagé, directeur du journal La Croix. Ses archives qui nous intéressent se décomposent en deux blocs : 362AP/94à 111 qui contient le courrier des lecteurs de La Croix de 1914 à 1940 ; 362AP/94 1914-1916 qui rend compte des réactions à ses articles traitant de politique et de faits de société. Dans un contexte marqué par l'anticléricalisme, elles émanent de personnalités, mais aussi de soldats, de civils inconnus, réagissant souvent à des mesures liées guerre, comme par exemple un projet de loi sur les orphelins de guerre et les pupilles de la nation. D’autres portent sur la place du clergé en temps de guerre et en particulier sur les prêtres mobilisés qui passent en 1917 aux troupes combattantes.Sa correspondance se fait également l’écho de rumeurs circulant dans les couches populaires, comme cette lettre du 02/01/1916 d'un certain Gasseret, menuisier qui écrit "Cette guerre, ce sont les curés qui ont donné de l'argent aux prussiens pour nous la faire. C'est le Saint Père aussi qui a payé les Prussiens pour faire tuer ces prêtres et tous les honnêtes gens". Rumeur que l’on retrouve évoquée dans le fonds Maurras.

  • celui de Charles Maurras (576AP IR en ligne). On trouve dans sa correspondance reçue à titre personnel, littéraire ou politique entre 1914 et 1918 (carton 13 : 576AP/10 à 16) des courriers sur la même rumeur, des lettres de dénonciation des parlementaires embusqués et de l'ennemi judéo-allemand jugé responsable de la guerre 14-18.

  • celui d’Eugène Aubry Vitet (572AP IR en ligne), archiviste paléographe, écrivain, il entretenait des relations suivies avec les milieux politiques et économiques français. Sa correspondance privée pour la période 1914-1918 (en 572AP/58-64) se fait l’écho des souffrances des civils, des rumeurs qui circulent à l’arrière, souvent amplifiées par l’incertitude des nouvelles du front, des déséquilibres ou de positions extrémistes augmentées voire engendrées par la situation de guerre.

Vous pouvez également consulter :

  • le fonds Pétain : 415P ;

  • les Fond privés très riches dans les Archives départementales dans la sous-série 1 J (Documents isolés ou petits fonds d’origine privée) ou dans d’autres sous-séries de J pour les ensembles plus volumineux ;

  • une grande partie des fonds privés est répertoriée dans la base BORA ;

  • la grande collecte d’archives privées sur la Première guerre mondiale organisée par la Mission du centenaire, faisant suite à la collecte Europeana devrait notablement accroître le champs de ses sources pour beaucoup encore méconnues et assez peu étudié.

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