La Corrèze se dotera d’un nouveau site en 2025

Lancé en 2007, le site des Archives départementales de la Corrèze bat des records de longévité et n’a jamais vraiment démérité. Depuis bientôt deux décennies, il ronronne comme le moteur bien entretenu d’une voiture de collection, et délivre inlassablement les images souhaitées par les chercheurs. Il a même passé sans encombre la « crise de Flash » en 2020, qui a été fatale à de nombreux sites d’archives dont la refonte a dû se faire dans la précipitation, puisqu’il n’utilisait pas cette technologie.

Alors, certes, comme le font remarquer quelques esprits chagrins, la Corrèze ne propose pas de permaliens pour retrouver directement le chemin de chaque vue, et le téléchargement des images est impossible. Tout au plus, peut-on imprimer les pages numérisées, en PDF ou sur papier, pour en garder une trace. Mais, en revanche, les utilisateurs ont toujours apprécié le petit outil qui permet d’identifier l’année et le type d’acte pour chaque page des registres paroissiaux : il facilite les recherches quand les pages ont été reliées dans un grand désordre.

À l’automne prochain, tout cela appartiendra définitivement au passé. Les Archives de la Corrèze ont obtenu du Conseil départemental le budget nécessaire à la construction d’un tout nouveau portail internet. Et, depuis la mi-janvier, le chantier est en pleine effervescence : les équipes tullistes travaillent sur l’arborescence du projet, son graphisme, et divers paramétrages fondamentaux. Avec le printemps sonnera l’heure de la reprise des données, un vaste chantier qui concerne directement les images à mettre en ligne. Justine Berlière, la directrice, nous l’a confié en exclusivité : « Nous allons passer d’un volume actuel de 2 To de données à 8 To ». La marche sera donc très haute en termes de nouveaux contenus !

Pour des raisons techniques, l’actuel site corrézien n’a pas été alimenté par de nouvelles collections depuis de nombreuses années. Sa mécanique fragile aurait pu être perturbée par l’apport de milliers (voire de millions) de nouvelles images. Actuellement, et depuis 2009, on peut y trouver :

• les registres paroissiaux et l’état civil jusqu’en 1902,
• la collection départementale des recensements de population de 1906 à 1936,
• les tables alphabétiques de recrutement militaire (1865-1940) et les registres matricules (1865-1921),
• les tables alphabétiques des décès puis des successions et absences jusqu’en 1940,
• les plans du cadastre ancien.

Cependant, ce n’est pas parce que rien n’était mis en ligne que la numérisation était arrêtée à Tulle, au contraire ! Les Archives départementales de la Corrèze ont la chance de disposer en interne d’un agent dédié à la numérisation, qui n’a cessé d’accumuler les images. C’est pourquoi le futur portail offrira très rapidement de nouveaux fonds en ligne, à commencer notamment par des répertoires de notaires, les registres de contrôle des actes, les délibérations communales, des cartes postales anciennes, etc.

Du côté des registres paroissiaux, les images numériques originales avaient été faites à partir des microfilms, dont certains étaient abîmés. Alors, lorsque cela était nécessaire, les clichés ont été repris en intégralité et en couleur à partir des registres originaux. Et pour l’état civil, la collection en ligne sera complétée jusqu’en 1922, soit vingt ans de plus qu’actuellement. Les années suivantes ne seront pas sur le portail, mais les actes qui en sont issus pourront être envoyés aux demandeurs gratuitement, grâce à la plateforme de dématérialisation mise en place l’an dernier. Attention toutefois, les registres postérieurs à 1932 ne sont pas, pour le moment, déposés aux Archives départementales.

Bonne nouvelle également pour les recensements, puisque la collection départementale, pour laquelle les années antérieures à 1906 ont été détruites, sera complétée en ligne par les registres issus des archives communales, quand celles-ci ont été déposées. Et dans la programmation prochaine des numérisations pour mise en ligne, on voit poindre avec bonheur les insinuations laïques et judiciaires, ou encore les états de sections et matrices cadastrales.

À côté de la visionneuse et des collections qu’elle présente, les parties « documentaires » du portail corrézien vont être aussi développées avec la nouvelle version de celui-ci : nouveaux guides de recherches, documents historiques valorisés, actualités étoffées… sans oublier les instruments de recherche qui seront mis aux normes actuelles pour devenir plus fonctionnels.

Le futur portail de la Corrèze sera déployé avec la toute dernière version d’un prestataire spécialisé et bien connu pour de nombreux sites d’Archives départementales. Il disposera donc de toutes les nouvelles technologies : liens ARK, téléchargement des images, etc. « L’avantage d’avoir attendu si longtemps pour changer de site, c’est que nous bénéficions de systèmes qui sont maintenant éprouvés », se réjouit Justine Berlière. Comprenez, par exemple, que les permaliens seront réellement pérennes et n’auront pas besoin d’être modifiés comme ce fut le cas dans de nombreux départements, notamment chez les voisins creusois.