La généalogie de Jean-Marie Le Pen
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L’arbre généalogique de Jean-Marie Le Pen a exactement 50 ans et j’en ai été le défricheur. J’explique. En 1984, j’avais été contacté par Michel Polac, qui présentait alors chaque samedi soir sur TF1 son émission Droit de réponse, dont certains se souviennent des plateaux enfumés et souvent très animés, par de vives polémiques. Il préparait alors une émission sur l’immigration, programmée le 5 janvier 1985, lors de laquelle Harlem Désir, présent et arborant son badge « Touche pas à mon pote », devait lancer son mouvement SOS Racisme. Il voulait me missionner pour travailler sur la généalogie de Jean-Marie Le Pen, avec l’espoir de lui trouver quelques ancêtres arabes… Je lui ai expliqué les principes de la généalogie, que l’on ne trouvait pas d’ancêtres « à la carte » et que le fils d’un petit marin pêcheur breton n’avait aucune chance sérieuse d’avoir des ancêtres musulmans ou maghrébins, ajoutant que l’on n’était déjà pas sûr de lui trouver des ancêtres en dehors du Morbihan. Il me dit vouloir prendre le risque : « on ne sait jamais, il faut tenter ». Je m’étais alors transporté en Bretagne et avais, une semaine durant, écumé les mairies du Golfe du Morbihan et travaillé aux Archives départementales, pour ne récolter, en effet, que des ancêtres bretons et morbihannais. Du moins, je crois me souvenir, sur les cinq à six premières générations. J’avais néanmoins été invité sur le plateau de l’émission, mais seulement pour y évoquer le melting-pot français résultant du temps des Grandes Invasions… Polac m’autorisa à passer le résultat de mes recherches à Joseph Valynseele, qui me les avait réclamées, et qui ajouta donc les racines de Le Pen dans le premier tome de son album À la découverte de leurs racines, publié en 1988. Voilà comment, j’ai été le défricheur de la généalogie du disparu du jour, généalogie qui a été depuis reprise partout et complétée, y compris par moi-même, dans mes livres sur les généalogies des politiques.
Une généalogie que l’on trouve bien sûr sur Geneastar, avec un arbre valant à Jean-Marie Le Pen 78 cousins – contre 121 pour sa fille Marine – mais un arbre pour lequel on dira que l’on peut mieux faire – surtout sur la lignée patronymique – et que l’on pourra compléter par de nombreux autres arbres en ligne, dont celui de François Rivallain, tant pour les quartiers paternels que pour les quartiers maternels, tout en complétant les quartiers STEPHAN/GUEGANNNO, par le bel arbre d’AS14.
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On constatera donc que l’arbre généalogique du cofondateur du Front national est en effet composé d’ancêtres à 100 % bretons et presque tous très modestes, avec les classiques familles terriennes. On verra que ses racines sont quasiment concentrées dans le seul département du Morbihan, hormis quelques rameaux conduisant dans des communes limitrophes du Finistère et des Côtes-d’Armor. Surtout concentrées côté paternel à Persquen, Langoëlan, Lignol, Bubry, et côté maternel à Locmariaquer, Crach, Locoal-Mendon, Carnac et surtout à Plougoumelen, Baden et en région vannetaise.
La lignée patronymique (LE PEN) est connue depuis le couple Jean LE PEN / Jeanne HELLEC, nés sous le règne du bon roi Henri IV, vers 1595/1600, mariés vers 1618 et établis dans l’actuelle commune de Melrand, où était né le 20 février 1623 leur fils – l’ancêtre de l’homme politique – prénommé Jean, après un aîné, né le 16 août 1619.
Par tous ces ancêtres, les cousinages sont forcément nombreux, ainsi, dans le seul monde politique, avec Jean-Louis Borloo, par les Royant, de Mellionnec, dans les Côtes-d’Armor, et avec le ministre Jean-Yves Le Drian, par les Le Bobinnec, de Languidic.
Ajoutons que la lignée des LE PEN avait une histoire très noire, qui avait commencé avec Pierre Marie Le Pen, l’arrière-grand-père de Jean-Marie, piétiné à mort par un cheval en 1885, à l’âge de cinquante-quatre ans. Un père de quatorze enfants, qui avaient dû se débrouiller pour subsister. L’un des plus jeunes, Pierre, placé à l’âge de onze ans comme valet dans une ferme, avait un jour gagné la côte pour devenir marin-pêcheur, à La Trinité, où il avait épousé Marie HUBERT, domestique, « un petit bout de femme inflexible et dure à la tâche ». Il sera le père de Jean, marin pêcheur à son tour et père de Jean-Marie, qui mourra lui-même dramatiquement à quarante-et-un ans, en 1942, en pêchant la sole de nuit sur son bateau La Persévérance, pour avoir remonté une mine dans ses filets et avoir lutté cinq heures dans les flots, après l’explosion…
Une très belle généalogie donc, satisfaisant mieux le leader de l’extrême-droite qu’elle n’avait convenu à l’homme de gauche qu’était Michel Polac, qui mourut en 2012, sans avoir su que les généalogistes pouvaient montrer que par ses ancêtres maternels aveyronnais, la fille de Jean-Marie, Marine, descendait, par les FOULQUIER et les ROQUEFEUIL des comtes de TOULOUSE et par ces derniers d’une Elvire de LÉON et CASTILLE, qui descendait… de Mahomet.
Jean-Marie Le Pen s’était en effet marié hors de son milieu et de sa région d’origine, avec une femme d’une famille plus bourgeoise et évoluée, avec des grands-parents établis au Caire et à Alexandrie d’où, pour sa fille, des racines nettement plus dispersées et quittant l’Hexagone, pour conduire à Malte et en Suisse. Un constat allant s’accentuant, puisqu’à la génération suivante, sa petite-fille, Marion Maréchal, aura ses racines plus dispersées encore, entre dix départements et trois pays étrangers…
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