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La généalogie de Tintin

De Bécassine à Astérix, les personnages de fiction créés à l’intention des enfants, et notamment ceux de l’univers de la B.D., se voyaient régis par des règles très particulières, proposant aux enfants des héros dans lesquels ils pouvaient facilement se projeter.

Ces règles faisaient ignorer et proscrire à la fois tout mariage et toute filiation – Mickey et Donald n’ont ainsi que des fiancées, des neveux et des oncles, mais ni enfants ni parents, l’autorité d’un oncle étant par principe moins contraignante que celle des parents – et plus généralement la sexualité. Il faudra finalement attendre les Simpson, pour se trouver enfin en face d’une famille complète et classique.

Il en va de même pour les personnages de Tintin et pour Tintin lui-même, tant chez Hergé que chez Spielberg (dont le film est à l'affiche ce mercredi). Les familles classiques y sont exceptionnelles : on note celle de Séraphin Lampion, avec parents, grand-mère et ribambelle d’enfants, ou celle de Wang, le Chinois, ayant une épouse et un fils. Les couples sont rares : M. Boullu, le marbrier, et sa femme ; le roi et la reine de Syldavie… Les filiations sont elles aussi peu nombreuses : Abdallah et son père, l’émir...

Les états civils eux-mêmes sont plus que sommaires. C’est tout juste si l’on connaît le prénom du capitaine Haddock (Archibald) et du professeur Tournesol (Tryphon). De Tintin lui-même, lancé en 1929, après de brefs et timides débuts, trois ans plus tôt, sous le nom de Totor, on ne sait rien, si ce n’est son adresse : au 1er étage du 26 de la rue du Labrador, à Bruxelles.

Reste le cas des Dupont/d, reconnaissables à leur moustache, l’une droite, en forme de D incliné, et l’autre troussée en forme de T inversé, à l’image de l’orthographe de leur nom. Un cas bien complexe et intrigant. Sont-ils frères ? Frères jumeaux ? On sait seulement qu’ils habitent le même appartement et rien n’interdit d’imaginer qu’ils aient été victimes d’une de ces si courantes erreur d’état civil…

Ces deux derniers personnages auraient été inspiré à Hergé (Georges Rémi) par ceux de son père et de son oncle, eux-mêmes jumeaux : Alexis et Léon, enfants naturels de (Marie Barbe) Léonie Dewigne, fille d’une domestique qui travaillait au château de Chaumont-Gistoux, au service des comtes Errembault de Dudzeele. Deux jumeaux qui semblent avoir été les enfants du fils de la maison, futur diplomate, mais qui seront reconnu par Philippe Remi, un ouvrier imprimeur que Léonie épousera en 1893 (voir la belle généalogie mise en ligne sur GeneaNet par Arthur Degelle).

Mais dans le monde d’Hergé, le plus bel ancêtre reste sans nul doute celui du capitaine Haddock, seul héros à avoir une ombre de généalogie, avec le chevalier François de Hadoque, capitaine de la Marine royale sous Louis XIV et propriétaire du château de Moulinsart, dont Hergé avait tiré le nom de celui d’un hameau de la commune de Braine-l’Alleud, limitrophe de Waterloo, au sud de Bruxelles.

© Sony Pictures Releasing France

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