"Le Visage inconnu" de la Grande Guerre

« On est tellement habitués à voir des listes de noms sur les monuments aux morts que c’est important de pouvoir mettre un visage sur ces noms », confie Jean-Luc Dron, grand spécialiste et auteur sur la Grande Guerre. C’est ainsi qu’est né le projet « Le Visage inconnu » : le collectionneur a sorti de sa bibliothèque de précieux volumes où figurent les visages de soldats, leur parcours militaire et leurs titres. Cette collection, intitulée « Tableau d’honneur de la Guerre 1914-1918 », est parue dès 1915 sous l’égide du journal L’Illustration. Elle rassemblait des documents envoyés par les familles et constitue une incroyable galerie de portraits de Français, d’Anglais, de Canadiens, de tirailleurs sénégalais et bien d’autres, hommes et femmes, qui ont combattu en 1914-1918.

À partir de ces photos qui ont été numérisées, des graphistes et des informaticiens ont travaillé pour « créer un portrait qui soit cohérent (...) en appliquant un algorithme de détection des traits du visage » comme l’explique Grégoire Divaret-Chaveau, développeur, dans la vidéo de présentation du projet. L’accumulation de ces milliers d’images finit par créer un portrait net au centre, là où convergent tous les points du visage, et plus flou sur les contours, où les différences se font sentir. « Le Visage inconnu » devient ainsi une contribution au devoir de mémoire que nous devons tous avoir envers ceux qui ont combattu lors de la Grande Guerre.

L’œuvre réalisée est présentée à l’Historial de la Grande Guerre via une technologie qui s’appelle le « leap-motion » dont l’objectif est de détecter les mouvements des mains des visiteurs pour leur permettre de naviguer parmi les 30 000 photos d’origine. Chacun peut ainsi « extraire » du Visage inconnu le véritable portrait d’un Poilu, peut-être un de ses ancêtres... Et comme le Soldat inconnu représente, depuis le 11 novembre 1920, tous les Morts pour la France sous l’Arc de triomphe de la Place de l’Étoile, ce portrait représente tous les soldats identifiés ou non. Si vous n’avez pas la possibilité d’aller sur place, vous pouvez retrouver les photos sur le site Internet dédié, accompagnées pour certaines de l’histoire du soldat.