Léopold et Julien Fournier, cultivateurs
Mon grand-oncle Léopold Fournier né le 18 avril1881 et mon grand-père Arthur Fournier, son frère de 15 ans son cadet, né le 27 juin1894, tous deux cultivateurs à Cayeux-sur-Mer au sud de la Baie de Somme, sont mobilisés le 2 août 1914.
Léopold est déjà père d’une fillette de 5 ans et sa femme Eugénie est dépressive depuis le décès de leur deuxième fille peu après sa naissance. Affecté au 328e RI d’Abbeville, il est envoyé à Landernau en août et septembre pour préparation militaire puis le 26 septembre au front.
Évacué malade en janvier 1917, il tente de se faire réformer pour rhumatismes avec manifestations cardiaques, en vain. Et pourtant, Eugénie est internée depuis 1915 à Dury l’hôpital psychiatrique d’Amiens. Malgré son statut de soutien de famille, et son âge, Léopold reste au front.
Le 23 mai 1918, vers Verdun, dans une tranchée où il soupe en compagnie d’un camarade il reçoit des éclats d’obus à l’abdomen et à la cuisse. Son camarade l’emmène vers l’ambulance. Une lettre émouvante de celui-ci, adressée à mes arrière-grands parents, leur demande comment va Léopold et quel est son état de santé sans savoir qu’il est mort dans l’ambulance. Léopold sera décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec Étoile d’argent. Eugénie ne s’en remettra pas et mourra de désespoir à Dury en 1920.
Mon grand-père Julien Arthur Fournier a eu plus de chance, si l’on peut dire. Canonnier du 109e régiment d’artillerie lourde, il est blessé en 1915, puis à Verdun en avril 1916 plus gravement par un éclat d’obus au visage . Il repart au front en juin 1916 et sera décoré de la Croix de guerre avec Étoile de bronze en 1968. Vivant mais marqué à vie puisqu’il ne nous a jamais parlé de sa guerre ni de Léopold.
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Julien Fournier |
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