Les archives de la police de Vichy seront ouvertes mais pas sur Internet
Les rafles du Vel d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942 ont 75 ans cette année et la préfecture de police de Paris a décidé d'ouvrir largement ses archives. Il s'agit notamment des archives des sinistres "brigades spéciales", la police du gouvernement de Vichy. Petite précision pour les amateurs d'archives peu anciennes, cette date des 75 ans ne correspond pas au respect d'un délai de communication, puisque l'arrêté du 24 décembre 2015 instaure la libre communication des archives relatives à la Seconde guerre mondiale. Les enquêtes de la police judiciaire de cette période (sauf droit commun et sous réserve éventuelle de la levée du secret Défense dans certains cas) n'ont donc plus de délai de communication depuis fin 2015.
S'il y a une nouveauté, c'est plutôt la volonté de la préfecture de police de Paris de rendre plus simple la communication de ces archives. Le fonds de la police de Vichy a en effet été intégralement numérisé et cela a pris trois ans pour produire ces quelques 320 gigas de données. Selon une convention signée le 19 mai dernier entre la préfecture de police de Paris, le Mémorial de la Shoah et le Holocaust Museum de Washington, les documents pourront être consultés dans les trois institutions. Il faudra toutefois attendre encore quelques mois, le temps de procéder à l'indexation de milliers de documents, tâche pour laquelle le Holocaust Museum américain finance un poste d'archiviste et la mise en place d'un moteur de recherche.
Le rôle des "BS", les brigades spéciales de la direction centrale des Renseignements généraux, unités de police, dédiées à la traque des « ennemis intérieurs » et qui ont contribué à l'arrestation et à la déportation de nombreux résistants, communistes et juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, pourra ainsi être replacé dans son contexte, expliqué et décortiqué. Une matière première indispensable pour permettre aux familles de personnes exécutées ou déportées de comprendre les motivations de ces policiers, tous volontaires pour collaborer avec les autorités allemandes. En raison du caractère encore sensible de ces archives, la CNIL, coutumière de cette position, n'a pas donné son autorisation à leur diffusion sur Internet.
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