Les compléments mosellans : état civil, recensements, habitants expulsés

En consultant le portail des Archives départementales de la Moselle, les généalogistes et autres historiens déploraient que les collections de registres d’état civil n’aillent pas au-delà de 1871. Cette situation était due à l’histoire particulière et mouvementé du département, qui fut annexé par l’Allemagne en 1871. Depuis ce printemps 2023, les collections de registres d’état civil s’étendent progressivement, pour atteindre 1892. C’est le cas, à ce jour, pour toutes les communes de A à O, et bientôt pour tout le département. Certes, ce n’est pas encore une extension jusqu’en 1912, comme c’est le cas dans le département du Bas-Rhin qui connut la même situation d’annexion, mais c’est presque aussi bien que pour celui du Haut-Rhin. Les tables décennales, quant à elles, étaient déjà en ligne jusqu’en 1952.

Du côté des recensements, les destructions dues aux frappes de la Seconde Guerre mondiale ont eu raison de la collection départementale pour les années antérieures à 1870, et les listes nominatives de la période de l’annexion (1871-1918) n’ont été que partiellement conservées, ainsi que le rappelle Sébastien Dellinger dans un article de Marques Ordinaires, son blog qui fait référence pour les recherches dans la Moselle. Les services d’archives ont néanmoins fait le maximum pour proposer sur leur site les dénombrements de 72 communes, issus des fonds des archives communales déposées. Ils ne représentent donc ni l’ensemble des communes du département (plus de 600 au total), ni l’ensemble des années de recensements. Des ajouts pourront avoir lieu au fil du temps, mais ils resteront marginaux.

Enfin, une nouvelle collection fait son apparition sur le portail mosellan, consacrée aux personnes expulsées par les autorités nazies. En effet, à partir de l’été 1940, les occupants décident d’expulser de la Moselle annexée tous les habitants considérés comme hostiles au régime ou non assimilables. Entre juillet et novembre 1940, environ un cinquième de la population mosellane résiduelle est expulsé. Les départs se poursuivent jusqu’en janvier 1943 et concernent au total près de 100 000 personnes.

Seule la vague d’expulsions de novembre 1940 fait l’objet de listes détaillant les communes d’origine des expulsés, les numéros et la composition des trains au départ de Moselle contrôlés à Lyon ainsi que leur lieu et leur date d’arrivée. Les vagues de juillet, août et septembre 1940 ne sont donc pas concernées. Par ailleurs, les lieux d’arrivée indiqués dans les listes ne correspondent pas toujours aux lieux d’arrivée des expulsés, qui étaient libres de se déplacer sur le territoire une fois passée la frontière de la zone libre, notamment pour rejoindre des proches ou des membres de leur famille. La recherche s’effectue tout d’abord en retrouvant la commune d’origine puis en relevant le numéro du ou des trains qui ont accueilli les habitants contraints à partir.