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Les derniers secrets de la Seconde guerre mondiale

En 1986, Alexandre de Marenches le patron des services secrets français avait évoqué dans un livre écrit avec Christine Ockrent de bien curieuses archives que détenaient ses services. Selon lui, des cartons remplis de papiers des années sombres livraient des noms de personnalités politiques. Et certains d'entre eux n'étaient pas aussi blancs qu'ils ne voulaient bien le dire et étaient plus à classer du côté de la collaboration que de la résistance.

"Sans doute le patron des services secrets avait-il un peu forcé le trait", a déclaré le 16 mars 2016 Frédéric Queguineur, responsable des archives des services spéciaux de la Seconde Guerre mondiale au Service historique de la Défense, tout en reconnaissant le caractère unique de ces archives.

Ces archives secrètes de la Seconde guerre mondiale, ce sont des milliers de dossiers et d'enquêtes sur la collaboration réalisées après la libération, des archives saisies par les services secrets dont d'intéressantes archives allemandes où apparaissent les noms de zélés collaborateurs. Ce sont aussi des documents parfois très personnels comme des correspondances privées et des photos de vacances qui en disent long sur l'activité et le savoir-faire des services spéciaux quand ils veulent se renseigner sur quelqu'un.

L'autre aspect tout aussi intéressant est le parcours de ces cartons représentant 500 mètres linéaires : ils se trouvaient entreposés dans les sous-sols du fort de Vincennes, mais leur sécurité était assurée par un double système. Une porte blindée dont seul le SDEC avait la clé et un ordre de rangement tellement particulier que leur exploitation ne pouvait être faite que par... le SDEC.

A partir des années 2000, les services secrets ont rendu les clés aux archivistes militaires et leur ont livré le mode d'emploi. Depuis 2013, ces fonds sont en cours d'inventaire et de classement. Ils sont librement communicables, les dernières restrictions ont été levées par un arrêté ministériel du 27 décembre 2015.

Toutefois, communicabilité ne veut pas dire simplicité, ni exhaustivité. Il existe des inventaires, dont certains sont disponibles sur le site du SHD, mais le tour du sujet est encore très loin d'avoir été effectué. Moins de la moitié des cartons ont été ainsi inventoriés. Et dans la pratique, seules quelques listes de noms permettent d'accéder aux dossiers directement.

Le reste est à chercher cote par cote dans des ensembles très volumineux. Mais c'est un net progrès, surtout depuis que les dossiers de la résistance sont accessibles -en partie (1)- sans réservation préalable. Les dossiers noirs, ceux de la collaboration sont à identifier et à réserver selon le mode plus classique du SHD-Vincennes : sur commande et après un délai d'attente de quelques jours.

Liens :

(1) : Précisions apportées par le SHD : les inventaires des fonds relatifs à la résistance sont accessibles sur Internet ; concernant les archives elles-mêmes, seules les séries suivantes sont accessibles en commande sur place sans réservation (et donc dans la journée selon le système des levées) : section « Études générales Résistance » du Service historique (GR 13 P) ; et réseaux, mouvements, maquis (GR 17P, 18P, 19P). Les autres séries doivent obligatoirement être réservées et sont accessibles au terme d'un délai d'environ une semaine : dossiers administratifs des résistants (GR 16 P) ; archives des services de renseignement (GR 28 P).

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