Les Héritiers

Trois questions à Henri Gourdin

Écrivain-biographe, Henri Gourdin, s’est spécialisé dans les premières biographies, pour en avoir publiées une dizaine : Eugène Delacroix, Olivier de Serres, Jean-Jacques Audubon ou Adèle, l’autre fille de Victor Hugo. Ces plongées dans l’histoire familiale l’ont amené à s’intéresser à la transmission intergénérationnelle pour son récent ouvrage Les Héritiers.

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Grasset

À qui s’adresse votre livre ?

Né en Belgique, j’ai grandi à Nivelles, avec une enfance partagée entre deux grandes passions : une première, pour la vie dans la nature, découverte au fil de longues années de scoutisme, et une seconde pour la lecture, me faisant dévorer, dès l’âge de six ans, des ouvrages de littérature et d’histoire, tout en faisant beaucoup de sports. Parallèlement, j’y ai mené mes études, couronnées par un diplôme d’ingénieur (en construction), qui m’a d’abord valu une vie de globe-trotter, me faisant passer d’un continent à l’autre, jusqu’à ce que, marié et père de deux filles, j’aie l’occasion de me fixer en France.

Avant de prendre ma retraite à Tarbes, j’ai longtemps vécu dans l’Hérault, où j’ai commencé à écrire. D’abord une biographie du grand ornithologue Jean-Jacques Audubon (1785-1851), d’origine française et que l’on peut considérer comme le père de l’écologie américaine, un homme que j’ai découvert lors de mon séjour aux États-Unis, de par ma passion pour la nature. Je suis ensuite passé à la famille Hugo, suite à une demande de biographie de Victor, à laquelle j’ai préféré répondre en rédigeant celle de sa fille Adèle. C’est cet ouvrage qui m’a fait toucher du doigt la question de la transmission intergénérationnelle, qui m’a rapidement passionné.

Pourquoi ce livre ?

La variété des attitudes rencontrées chez les membres de la famille Hugo m’a très vite interpellé. Non seulement face à l’œuvre de Victor mais face à celle de son arrière-petit-fils, le peintre Jean Hugo. J’ai été alors beaucoup aidé par le psychologue nîmois Yvon Girard, qui m’a permis de comprendre les personnages et de prendre vraiment la mesure de la problématique. Dès lors, passionné par ce sujet de la gestion de l’héritage d’un ancêtre ou d’un parent célèbre, j’ai décidé – d’abord simple curiosité – de m’intéresser aux familles d’autres personnalités. Me prenant au jeu, j’en ai, plusieurs années durant, étudié une bonne centaine (écrivains, peintres et musiciens). C’est alors que j’ai réalisé que cette matière, que personne n’avait jamais traitée, me permettait de proposer un livre original.

Comment avez-vous travaillé ?

Pour chaque personnage célèbre, je me suis efforcé – sans être généalogiste et sans effectuer ici de recherches parfaitement académiques – de reconstituer sa descendance et d’approfondir les personnalités, du moins celles des premières générations. Dans la mesure de mon possible, j’ai cherché à localiser les « héritiers » contemporains, pour les contacter, les rencontrer et évoquer avec eux leur grand ancêtre et leur façon de gérer cet héritage. Ce faisant, j’ai rencontré une dimension humaine qui m’a fasciné et qui est en fin de compte la trame de mes récits, concentrés sur un choix de vingt-deux personnalités, des plus connues, bien d’autres étant évoquées dans l’introduction.