Les origines généalogiques de la Pompadour : de l’inédit !
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Née à Paris le 29 décembre 1721, la célèbre marquise de Pompadour, dont c’est aujourd’hui le tricentenaire, a l’arbre généalogique classique d’un enfant de la capitale, qui la montre issue du melting pot des brassages de population que l’on y trouvait, avec des racines faisant le grand écart entre divers milieux et diverses régions.
Des racines qui, disons le tout de suite, ne conduisent nullement en Corrèze, puisque le château et le domaine de Pompadour, érigés en marquisat en 1714, lui avait été offerts en 1745 par Louis XV, après qu’il les aient acquis du prince de Bourbon-Conti et lui avaient été remis, avec en prime un brevet de marquise, en attendant qu’elle ne devienne duchesse, ce adviendra en 1752.
Des racines qui ne sont par ailleurs nullement nobles, alors que la famille de son mari, Charles Guillaume Lenormant, seigneur d’Étiolles, marquis de Saint-Aubin et baron de Lancy et de Tournehem, conseiller secrétaire du Roi, sous-fermier général, puis fermier général et enfin fermier des postes, originaire de l’Orléanais, avait été anoblie par les charges que ses membres avaient exercées. Un mari dont la généalogie est bien connue, accessible notamment sur Geneanet via la base Pierfit où on le verra à la fois descendant de l’incontournable roi Louis VI le Gros mais aussi arrière-petit-fils du grand musicien Lully, lui-même fils d’un meunier florentin…
Comme on le sait, la marquise, née Jeanne Antoinette POISSON, avait fait un mariage inégal, dont on pourra lire l’histoire sur le blog de Pierre Postel, qui expliquera qu’elle dut d’abord sa fortune à sa mère : Louise Madeleine de LA MOTTE. Cette dernière avait en effet été la maîtresse d’un certain Charles François Paul Lenormand de Tournehem, qui aurait en réalité été le père biologique de la future marquise, qu’il était parvenu à faire son héritière, en lui faisant épouser son neveu, Charles Guillaume… Car le destin s’était mis très tôt en marche, avec une légende voulant qu'à neuf ans, Jeanne Antoinette soit allée consulter avec sa mère une voyante qui se serait exclamée : « Vous serez la maîtresse du roi ». Une légende qui pourrait être vraie, puisque l’on dit que le testament de la marquise octroiera une pension de 600 livres par an à une dame Lebon, voyante parisienne…
Mais venons en à la généalogie de Madame de Pompadour. Une généalogie que l’on pense assez bien connue, mais qui mérite encore largement d’être creusée, celles données sur Geneastar et sur la base Pierfit pouvant être complétées. L’acte de baptême de la marquise, baptisée le mercredi 30 décembre 1721 à l’église Saint-Eustache, aujourd’hui détruit, qui avait été recopié par l’archiviste Auguste Jal, avant les incendies de la commune, la disait née d'hier, fille de François Poisson, écuyer de Son Altesse royale Monseigneur le duc d'Orléans, et de Louise-Madeleine de La Motte, son épouse, demeurant rue de Cléry… Un couple que l’on sait marié trois ans plus tôt, le 11 octobre 1718, à Saint-Louis-des-Invalides, pour disposer cette fois-ci de son acte reconstitué, accessible sur le site des Archives de Paris ou sur FamilySearch.
Côté paternel – du moins quant à la filiation légale, que l’on a vue réputée douteuse, les racines sont concentrées en Haute-Marne. François Poisson, le père légitime de la favorite royale, qui avait débuté comme conducteur dans le service des vivres et avait été remarqué par les puissants frères Pâris, financiers très en vue, et qui sera plus tard anobli par lettres patentes du royal amant de sa fille, avait vu me jour le 16 janvier 1684 à Provenchères-sur-Meuse, près de Montigny-le-Roi, et était fils de modestes tisserands, décédés en 1694 et 1707.
Son père, Claude Poisson, au-delà duquel la majorité des arbres généalogiques en ligne ne remontent guère, figure avec ses ancêtres sur celui de Serge Périot le montrant petit-fils d’un Nicolas Legros, procureur du roi et capitaine du château de Coiffy-le-Haut et arrière petit-fils de noble homme Jean-Baptiste Guillaume, procureur du roi au même lieu et dont la généalogie, via un arbre en ligne (pseudo ki100bpn) permettant par ailleurs de le rattacher entre autres à Hugues Capet.
La branche maternelle est celle de la très belle Madeleine de La Motte, dont la famille était quant à elle liée aux mêmes frères Pâris, lesquels passent pour avoir été les artisans de son mariage avec François Poisson. Une famille que l’on ne remonte pas très loin, avec le couple des parents, Jean de LA MOTTE, commissaire de l'artillerie et entrepreneur des boucheries des Invalides, et Marie Louise TIERCELIN, mariés à Notre-Dame-de Versailles, en 1687, et enfants de couples vivants alors à Saint-Germain-en-Laye, où était établie la cour. Lui, Jean de La Motte, fils d’un garde du corps du roi (natif de Montreuil-aux-Lions, dans l’Aisne et fils d’un couple marié au même lieu en 1623, marié à Osny, dans le Val-d’Oise, en 1661 (DE LA MOTTE / MION).
La branche la plus intéressante est sans nulle doute celle de la grand-mère maternelle, Marie Louise TIERCELIN, fille d’Étienne, valet de chambre et tapissier du roy, et de Marie BRACHE ou plus exactement BRESCHE.
D’abord, en ce que l’on va découvrir que cet arrière grand-père, Etienne TIERCELIN, maître tapissier à Paris, s’était, en 1658, associé pour quatre ans, avec ses collègues Lambert Huet et Aignan Roulleau, eux aussi maîtres tapissiers, avec un quatrième homme, « pour toutes les fournitures de marchandises et ouvrages de leur vacation qui se présenteront pour le service du roi ». Un quatrième homme, qui n’était autre qu’un certain Jean II Poquelin, le père de Jean-Baptiste Poquelin/Molière.
Ensuite, on a la chance de découvrir, grâce aux incessants dépouillements menés par Jean Gauvain sur les répertoires en ligne des notaires parisiens, le contrat de mariage, en date du 20 novembre 1649, d’Étienne Thiercelin et Marie Bresche, qui, consulté au CARAN, fera faire un grand bond dans la connaissance de la généalogie de la célèbre favorite, avec des ancêtres intéressants. Le marié, marchand tapissier parisien, est fils de feu Pierre THIERCELIN, maître écrivain juré, et de Catherine MAREL (ou MARTEL…). La mariée, originaire de Pontoise, est fille de défunt Nicolas BRESCHE (en fait, BRACHE), chirurgien à Pontoise, et de Nicole AUBRY (remariée à un marchand nommé Scipion DUPRÉ et sans doute née dans cette ville le 3 septembre 1586 et fille de Charles AUBRY), et petite-fille de Robert BRACHE, maître barbier chirurgien à Poissy, et de Jehanne ROLLAND. Les époux avaient des parents communs (apparemment par les MAR(T)EL et les AUBRY), avec une famille THEVENET, tapissiers parisiens, dont l’aïeul Zacharie THEVENET le jeune, marchand tapissier à Paris, marié en 1572 à Marie MÉGISSIER, était le fils d’un autre Zacharie, marchand couverturier à Pontoise, vers 1550.
L’Aisne, la Haute-Marne, Pontoise et Poissy : décidément, pas une once de Corrèze ni de Limousin, sauf, par les Poisson (si son père était bien celui que désigne l’état civil), un certain Adelphius, évêque de Limoges au 4e siècle, qui rapproche notre belle du château sous le nom duquel elle est connue, nom nettement plus valorisant que le banal patronyme POISSON…
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