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Les Oubliés du cimetière de Cadillac un peu moins oubliés

Personne n'a oublié l'affaire du cimetière des Oubliés, quand il y a plus de dix ans, la municipalité de Cadillac-sur-Gironde projetait de le transformer en parking ! Ce lieu est bien resté un lieu de sépulture, où reposent 4.464 malades mentaux de l'hôpital psychiatrique de Cadillac, dont plus de 250 Poilus traumatisés par la Première guerre mondiale.

Le projet de parking a été mis en échec par une levée de boucliers et un classement Monument historique en 2010, contesté (sans succès) devant la Justice. La longue polémique qui s'est ensuivie est désormais éteinte. Des travaux de réhabilitation et de valorisation du cimetière ont été entrepris par la région Aquitaine, complétés par l'aménagement d'un "espace muséal" ouvert en 2020 dans la maison du Fossoyeur. 

L'autre polémique sur l'accès aux archives hospitalières a été close par le dépôt aux archives départementales de la Gironde, où chacun peut les consulter. Mieux même, un travail de mémoire a été réalisé : les recherches du professeur Bénézech, médecin légiste et psychiatre des hôpitaux ont permis d'identifier la quasi totalité des morts inhumés dans ce cimetière. 

Une base de données a été mise en ligne et peut permettre de retrouver à Cadillac-sur-Garonne la trace d’un aïeul disparu et même de retrouver l'emplacement précis de sa tombe. Une page spéciale a été créée par la Région, dédiée au Cimetière sur son site internet « Patrimoine et inventaire d’Aquitaine ». Elle regorge d’informations, de photos d’époque et retrace même le parcours de vie de certains « Oubliés ».

L'association des Amis du cimetière des Oubliés de Cadillac a permis de mieux connaître cet endroit unique et de faire respecter la mémoire de ceux qui y sont enterrés. "On n'aurait pas fait ça comme ça, il y a quelques erreurs de date, des omissions", commente Martine Bajolle, secrétaire de l'association qui n'a pas été associée aux travaux. "Nous émettons quelques réserves, mais avec cette mise en valeur par la Région, c'est quand même beaucoup mieux qu'avant".

Les Amis du cimetière des oubliés restent actifs pour faire vivre la mémoire des aliénés. Les bénévoles guident parfois des groupes d'adultes ou scolaires pour raviver les consciences. L'association veille aussi à la bonne compréhension de ce sujet délicat qui peut révéler un secret de famille. Ainsi, l'appellation cimetière des "Gueules cassées" utilisée dans un article de la Revue française de généalogie il y a dix ans, s'est avérée inexacte. On lui préfère aujourd'hui le terme de "Mutilés du cerveau" qui résulte d'une reconnaissance officielle des combattants devenus fous. Ces soldats de 14-18 inhumés à Cadillac ne peuvent recevoir la mention Mort pour la France, le ministère de la Défense s'y est opposé. 

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