Les racines familiales d'Anatole France

On commémore aujourd’hui le centenaire de la mort d’Anatole France, décédé à Saint-Cyr-sur-Loire le 12 octobre 1924, un auteur au succès de son vivant immense, dont l’arbre généalogique se révèle très représentatif de son époque : ancêtres très modestes ; terriens d’un côté, avec mère célibataire d’un autre ; ascenseur social passant par l’armée ; réussite consacrée par un mariage dans la noblesse d’apparence, puis évolution dans la société en vue de la capitale…

Un arbre généalogique est présenté sur Geneastar pour la seule branche paternelle. Un arbre assez pauvre en détails et ne valant à ce jour à l’homme de lettres que 39 cousins.

Les quartiers paternels conduisent en Anjou et plus précisément dans le Saumurois, où le père d’Anatole France était né, en 1805, à Luigné, comme le confirme l'article publié sur Wikipédia. Fils d’un très modeste cordonnier, ce père n’avait appris à lire et écrire qu’à l’occasion de son engagement dans l’armée, à l’issue duquel il s’était retrouvé à Paris, dans une librairie d’érudition, spécialisée sur l’histoire de la Révolution. De François Noël THIBAULT, il était devenu Noël FRANCE, nom sous lequel son fils choisira donc tout naturellement de signer ses ouvrages.

Les racines paternelles sont donc exclusivement concentrées dans l’actuel département du Maine-et-Loire (Ambillou-Château, Chavagnes, Chemeliers, Saint-Elier-sur-Aubance, Doué-la-Fontaine, Louressse…). La lignée patronymique a son berceau dans l’ancienne commune de Saulgé-L’Hôpital, entre Angers et Saumur, où les ancêtres avaient été vignerons et où l’on peut la remonter, dans le hameau du Haut de Saulgé, au-delà du couple THIBAULT/RANGEARD, avec à la génération précédente Pierre THIBAULT époux de Françoise DU VAU, lequel était manifestement fils d’un vigneron nommé César THIBAULT, né vers 1550 et décédé en janvier 1630.

Le libraire parisien s’était marié en 1840 (acte reconstitué disponible sur Filae) avec Antoinette GALLAS, dont on trouvera la généalogie dans l’arbre en ligne de Thierry Llorca.

Native de Chartres, la mère d’Anatole France elle était la fille naturelle reconnue d’une mère célibataire, qui s’était mariée successivement en 1812 et 1815 avec deux fonctionnaires, lesquels avaient dû élever l’enfant. De ce côté, on trouvait une lignée de meuniers chartrains, issus de boulangers d’Ermenonville-la-Grande (28), avec Jacques GALLAS, marié quatre fois, dont avec Perrine BIDAULT, fils de Jacques et Martine COCHON (etc.), lignée par ailleurs alliés à des charcutiers, bouchers et cuisiniers de la ville.

Ajoutons qu’Anatole THIBAULT dit FRANCE avait épousé, en 1877, à Paris VI^e, Marie Valérie GUÉRIN DE SAUVILLE, dont il devait divorcer en 1893 et dont la généalogie peut être explorée sur la base PIERFIT : fausse noblesse, avec patronyme de fantaisie, grand-père peintre, connu en son temps, ancêtres maternels normands (AVRIL, MESNIL, Manche, Valognes, avec ascendances capétiennes et des rois d’Aragon et Castille).

De ce mariage était née une fille unique, Suzanne, mariée en 1901 avec le capitaine Mollin, dont elle divorcera, suite à sa compromission, en 1904, dans l’Affaire dite « des fiches », pour épouser en secondes noces un journaliste, Michel PSICHARI, lequel était le petit-fils d’Ernest Renan, homme de lettres très célèbre en son temps, dont elle aura un fils, qui fera lui-même carrière dans l’édition, donnant ainsi quatre générations se succédant dans le monde du livre parisien, sur un siècle et demi.