Les racines oranaises de Jean-Pierre Elkabbach
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Décédé à 86 ans, le célébrissime journaliste n’a pas de généalogie sur Geneastar… Parce que pas assez enracinée dans l’Hexagone ? Né à Oran, Jean-Pierre Elkabbach a en effet l’essentiel de ses racines en Algérie, comme on le découvre facilement sur Wikipédia : Haïm Jean-Pierre El Kabbach, dit Jean-Pierre Elkabbach, est né dans une famille juive d’Oran, où son père, Charles Elkabbach, passionné de football, était négociant en import-export, et sa mère, Anne Sadok, mère au foyer. Son enfance est marquée par la mort de son père le 3 octobre 1949, lors du Yon Kippour, alors qu’il lisait sa prière à la synagogue.
L’article ajoute qu’il était le père de l'actrice Emmanuelle Bach, de son vrai nom Elkabbach, qu'il a eue avec Holda Trinkle — dite Holda Fonteyn — en 1968 et qu’il avait épousé en 1974 l’écrivaine Nicole Avril, laquelle n’a pas davantage sa généalogie sur Geneastar…, alors que l’on peut la trouver sur les arbres en ligne de Dominique Vinatier et Marcel Congratel.
La généalogie de Jean-Pierre Elkabbach peut pourtant être explorée sur une dizaine d’arbres en ligne, dont celui de David Gordon, qui propose la plus complète. Cet arbre offre les quartiers paternels, avec des ancêtres ne quittant pas Oran, hormis la lignée masculine, qui s’y était établie avec le grand-père du journaliste, Haim Yaich Alkebbas, rabbin, marié dans la ville en 1876 (acte acte de mariage accessible sur Filae) et natif de Mogador (Essaouira), au Maroc, où son père, Messaoud, mourut en 1866. Mais cette généalogie ne dépasse pas la cinquième génération…
Cet arbre offre aussi les quartiers maternels, eux aussi quasiment tous oranais, avec sur ces deux lignées l’éventail des noms juifs séfarades les plus classiques : Cohen, Serfati, Abensour, Bensoussan, Karsenty, Chouraqui, Lévy…
Jean-Pierre Elkabbach et la généalogie
Quelle connaissance de ces ancêtres et de sa généalogie avait Jean-Pierre Elkabbach ? J’avoue que bien qu’ayant travaillé avec lui je n’en ai pas la moindre idée et que jamais, au cours des heures passées ensemble, nous ne l’avons évoqué. Par discrétion sur ses origines et sa famille ? Je ne pense pas… Par manque d’intérêt personnel pour la généalogie ? Pas forcément…
Ce que je peux dire, quant au regard qu’il portait sur la généalogie, est qu’il en connaissait et mesurait la popularité et l’impact auprès du public. C’est en considération de cela qu’il m’a fait travailler à deux reprises.
Il m’appela une première fois, à la rentrée de 1982, un an après son éviction suite à la victoire de François Mitterrand. Europe 1 lui permettait de rebondir, en lui confiant une émission d’après-midi, à charge de sortir des sentiers battus, émission qu’il baptisa « Découvertes » et dans laquelle il choisit de jouer la carte de la proximité avec les régions, d’où l’idée des racines. Plusieurs fois par semaine, je me retrouvais donc à ses côtés et à ceux de ses équipiers, comme Béatrice Schönberg, alors qu’il recevait des invités toujours savamment choisis (Devos, Turckheim, Tulard, Buwal, Rothschild…), au sujet desquels il me demandait mon écho généalogique. Mais je ressentais alors surtout sa nostalgie de la politique et des interviews des leaders politiques, sauf peut-être le jour où nous avons reçu le Comte de Paris, qui venait de signer un livre sur ses analyses politiques.
Je me souviens qu’un jour, satisfait de mes prestations, il m’avait offert une « spéciale généalogie » en me faisant choisir des invités. L’une d’elle, trop érudite, l’avait très vite lassé, et le sujet évoqué par l’autre, qui était celui des communautés familiales, dites taisibles, du centre de la France, n’avait guère su le passionner, au point que lorsqu’il voulait relancer la discussion, il commettait régulièrement le même lapsus en disant « alors, ces communautés nationales… ». Tout s’était mieux passé lorsque nous avions reçu l’académicien Jean Delay, qui venait de publier ses fameux « Avant Mémoire ».
Je retravaillerai avec lui à partir de 2005 à Europe 1, où j’avais été recruté par Jérôme Bellay, et où il déclara d’emblée conserver certains « poids lourds » de la station, au nombre desquels il me cita, montrant une nouvelle fois son intérêt pour l’audimat de la généalogie et mon savoir-faire, qu’il allait particulièrement apprécié, lorsque je lui exposai ma décision d’explorer la généalogie des politiques. Nos passions, ce jour-là, se rencontraient enfin : notre passion commune pour la radio et ses publics, ma passion pour la généalogie et la sienne, immense, pour le monde politique et ses acteurs.
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