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Les tests ADN généalogiques interdits aux Etats-Unis

Rechercher ses ancêtres par l'ADN, ce n'est actuellement plus possible aux Etats-Unis. La Food and Drug Administration vient d'ordonner à la société américaine 23andme de cesser de commercialiser son test génétique salivaire (vendu 99 dollars), parce qu'elle n'a pas "reçu l'aval des autorités de réglementation". Cela ne semble pas perturber plus que cela la société américaine qui continue de proposer ses kits génétiques proposés depuis 2007 sur son site Web et poursuit la promotion de ces tests vantés par des spots publicitaires télévisés.

En étudiant un échantillon de salive, il est possible de dresser un profil génétique et d'évaluer les risques encourus par la personne de développer un jour telle ou telle maladie grave (jusqu'à 254 maladies possibles). Un tel test permet également à 23andme d'identifier les grands groupes génétiques auxquels appartiennent ses clients et de leur donner la carte des migrations de leurs ancêtres jusqu'au paléolithique (avec toutes les réserves sur la rigueur scientifique de la démarche d'interprétation).

Ce que reproche la FDA au portail commercial créé par Anne Wocjinsky (femme du cofondateur de Google) n'est d'ailleurs pas lié aux visées généalogiques, mais plutôt à l'évaluation des risques de santé. 23andme ne prendrait pas suffisamment en compte les conséquences sanitaires qui pourraient résulter d'évaluation positives ou faussement négatives de maladies à haut risque. À titre d'exemple, la FDA souligne qu'un faux diagnostic positif de risque de développer un cancer du sein ou des ovaires pourrait "conduire un patient à subir une chirurgie prophylactique, de la chimioprévention, un dépistage intensif ou d'autres actions induisant de la morbidité". La FDA souligne à l'opposé le risque que ferait courir un faux diagnostic négatif qui pourrait entraîner "une incapacité à reconnaître un risque réel pourtant existant".

Des interdictions de vente directe aux consommateurs de ces tests génétiques salivaires ont déjà été prononcées à New-York et dans le Maryland. Elles faisaient écho à des plaintes d'associations de médecins craignant que les patients ne soient pas en mesure d'en interpréter correctement les résultats. De son côté, l'entreprise 23andme a réagi et s'est déclarée prête à se mettre en conformité et satisfaire aux exigences de la FDA et se dit déterminée à faire en sorte de "commercialiser des produits de consommation de confiance".

L'affaire fait grand bruit outre-Atlantique dans un pays où toute interdiction est considérée comme une atteinte aux droits fondamentaux et à la liberté individuelle. Une pétition déjà signée par plus de 4.000 personnes a été mise en place, mettant en cause l'attitude des médecins qui seraient non formés à l'explication des diagnostics génétiques. Pour rappel, en France, la loi sur la bioéthique interdit formellement la commercialisation de ce genre de tests, justement pour éviter ce genre de dérives. Seuls sont autorisés les tests génétiques ordonnés par la Justice ou pour établir un diagnostic médical ou encore ceux effectués dans le cadre réglementé de la recherche scientifique.

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