Loup, y es-tu ? s'interrogent les généalogistes
Depuis octobre 2002, Jean-Marc Moriceau et son équipe ont mené une enquête nationale sur l’histoire du loup. Les recherches ont porté sur deux aspects majeurs de l’histoire des relations entretenues entre l’homme et le canidé : la chasse au loup et les attaques de loups sur l’homme. Plusieurs bases de données ont été créées et sont en passe d’être mises en ligne. Elles s’appuient notamment sur une source bien connue des généalogistes : les registres paroissiaux ou d’état-civil. Parmi les actes de sépultures et de décès, certaines informations signalent des morts accidentelles, d’autres l’attaque d’un loup ou d’une "bête" ayant entraîné le décès. Le rédacteur signale souvent le décès d’une personne "attaquée", "dévorée" ou "mordue" par un "loup carnassier" ou un "loup enragé".
Les chercheurs lancent un dernier appel à la communauté généalogique de France avant mise en ligne des informations recueillis en octobre prochain.
Les précédents appels ont contribué à élargir ces bases de données. C’est aujourd’hui un corpus réunissant plusieurs milliers de mentions d’attaques qui est en cours de traitement : près de 4.000 victimes de loups prédateurs et enragés, sans compter les actes dénombrant d’autres victimes sans en donner l’identité (au total 7.500 environ, concentrées de 1580 à 1851). Ce travail a permis de mieux comprendre les représentations collectives associées au loup et à son histoire. Les premières conclusions en ont été publiées dans plusieurs ouvrages successifs :
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Histoire du méchant loup : 3000 attaques sur l’homme en France, XVe-XXe siècle (Paris, Fayard 2007) ;
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L’Homme contre le loup : une guerre de 2000 ans (Paris, Fayard, 2011 ; rééd. Poche 2013) ;
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Sur les pas du loup. Atlas historique et culturel du loup en France (Paris, De Montbel, 2013).
À présent, ce projet arrive à son terme. La mise en ligne des informations recueillies aura lieu à l’occasion du Symposium sur le loup, organisé à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes) du 9 et 12 octobre prochains. Cette étape se veut le point d’orgue d’un travail guidé par une volonté de transparence à l’égard de la documentation utilisée pour les analyses historiques. L’accès sera gratuit et libre pour tous. Chacun y trouvera les informations sur les communes concernées par les attaques, l’identité des victimes (nom, prénom, âge), leur environnement familial (acte de naissance, identité des parents, présence de frères et soeurs) et social (état professionnel, trajectoire, alphabétisation) ainsi qu’une retranscription et la photographie de l’acte de sépulture lorsque cela sera possible.
Ce dernier appel vise à élargir au maximum le corpus documentaire et de répondre à quelques questions restées en suspens. Certains actes de décès ont pu échapper : ils seront les bienvenus pour compléter la base. Pour un certain nombre de victimes, les chercheurs ignorent encore la filiation : la découverte des actes de baptême permettra d’enrichir la qualité des données. Enfin, les recherches dans le quart Sud-Ouest n’ont permis de rassembler qu’une documentation relativement faible. Les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc, et Nord-Pas-de-Calais restent les moins bien documentées. Jean-Marc Moriceau et son équipe en appellent donc à toutes et à tous pour contribuer à finaliser ce projet de recherche innovant et étroitement lié aux préoccupations généalogiques. La date-limite d’enregistrement est fixée au 1er octobre.
Contact : Jean-Marc MORICEAU, MRSH- Pôle rural (Sh 155) ou Julien ALLEAU, MRSH- Pôle Rural (Sh 107), Université de Caen – Basse-Normandie, 14032 Caen Cedex, Tél. 02.31.56.62.29, courriels : canhistyahoo[dot]fr ou jean-marc[dot]moriceauunicaen[dot]fr
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