"Luigi, le premier, est parti" : histoires et mémoires d'Italiens en migration
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Les grandes vagues migratoires qu’a connues la France ont souvent fait l’objet d’études et parfois d’expositions d’envergure nationale, en particulier à la Cité de l’immigration à Paris.
L’implantation de groupes d’étrangers plus spécifique à certaines régions reste souvent encore assez confidentielle.
A ce titre, le Centre du patrimoine arménien de Valence, dans la Drôme, joue un rôle essentiel, pas seulement pour la communauté arménienne. Sa mission principale est bien sûr de préserver la mémoire arménienne et de raconter l’implantation de nombreux Arméniens dans la ville. C’est là l’objet de son exposition permanente. Mais il propose aussi des expositions temporaires consacrées à d’autres parcours migratoires qui entrent souvent en résonance avec celui des Arméniens. C’est actuellement à l’immigration italienne que le centre consacre une exposition visible jusqu’en mars 2023. Sous le titre "Luigi, le premier, est parti", elle se fonde avec originalité sur l’histoire familiale du réalisateur Alain Ughetto qui a produit une œuvre de fiction sous le titre Interdit aux chiens et aux Italiens. Il a repris là la terrible formule utilisée autrefois en France. Elle résume la dureté du quotidien vécu par les Italiens venus travailler dans les industries et sur les routes françaises. Ce sera souvent pour eux le point de départ d’une ascension dans l’échelle sociale française : d’ouvriers, beaucoup parviennent à force de travail à devenir entrepreneurs, industriels…
L’exposition a pour fil conducteur l’histoire des grands-parents du réalisateur, Luigi et Cesira Ughetto, qui quittèrent leur Piémont natal pour venir en France. Des éléments et documents de leur histoire personnelle sont présentés pour illustrer le parcours plus général des familles italiennes venues vivre en France.
Plusieurs sont bien connus des généalogistes ayant des ancêtres étrangers en France. Ils sont souvent issus des fonds des Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence et de la Drôme où nombre d’Italiens vinrent travailler : carte frontalière de travailleur, état et registre des étrangers employés par les administrations communale et départementale pour créer des routes…
L’exposition met aussi l’accent sur les raisons du choix d’un lieu de migration plutôt que d’un autre et sur le rôle des filières souvent constituées de personnes de la même origine qui jouent le rôle de recruteurs. Au-delà donc des histoires familiales, c’est aussi le mécanisme de la migration et de la constitution de groupes communautaires qui est expliqué.
Même si le parcours des immigrés italiens revêt des particularités, il a forcément aussi une dimension bien plus générale et commune à tous les migrants, surtout de la fin du XIXe et des premières décennies du XXe siècles. Cela donne un intérêt plus large à l’exposition dans laquelle beaucoup reconnaîtront des éléments de leur propre histoire familiale.
Informations pratiques
"Luigi, le premier, est parti". Histoires et mémoires d’Italiens en migration
- Jusqu’au 12 mars 2023. Ouverture du mardi au vendredi de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h / samedi et dimanche de 14 h à 18 h (fermé les jours fériés)
- Centre du patrimoine arménien (CPA), 14 rue Louis Gallet, 26000 Valence, tél. : 04 75 80 13 00
- Tarifs : tarif plein 4 € / tarif réduit 3 €
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