Mise en ligne du "fichier de contrôle des juifs" franciliens sous l’Occupation

Depuis la fin de l’année 1941 et jusqu’à la Libération, un fichier a été constitué et utilisé pour surveiller, traquer et arrêter les juifs français et étrangers de Paris et sa proche banlieue. Contenant 31 584 fiches individuelles qui concernent des parents, enfants, grands-parents ou personnes seules, cette base aux intentions monstrueuses a été expurgée à la fin des années 1940 des fiches des personnes non arrêtées.

Dans l’objectif de mise à disposition des généalogistes et autres chercheurs le contenu de ce fichier, un travail de longue haleine a été mené avec rigueur et passion, à la fois grâce à l’intelligence artificielle et à l’acharnement d’archivistes et de bénévoles. Il faut savoir que les fiches de contrôle étaient généralement préimprimées et rédigées à la machine à écrire, parfois complétées par des mentions manuscrites ou l’apposition d’un tampon. Y figurent des renseignements sur les services accomplis dans l’armée, les éventuelles infirmités, les recherches, arrestations, convois et libérations, ainsi que des informations sur les enfants de moins de 15 ans déclarés par leurs parents et un numéro du casier central renvoyant à la Préfecture de police.

Le travail a donc commencé dans le cadre d’un projet de reconnaissance des écritures engagé par le Mémorial de la Shoah avec le concours de la société Teklia, qui a produit une base de données réalisée grâce à l’Intelligence Artificielle (IA), comprenant une trentaine de champs et couvrant les 31 584 images du fameux fichier de contrôle des juifs. Les métadonnées ainsi produites ont ensuite été contrôlées au moyen d’un travail collaboratif, engagé par les Archives nationales et le Mémorial de la Shoah, avec l’aide de bénévoles.

Dans sa globalité, le projet est organisé par tranches alphabétiques, et c’est ainsi que les fiches correspondant à la lettre A sont les premières à devenir accessibles dans la Salle de lecture virtuelle des Archives nationales, dès maintenant. Comme beaucoup d’autres, ces fichiers sont librement communicables, le délai de protection de la vie privée, fixé à 50 ans, étant aujourd’hui échu. Toutefois, une partie des personnes concernées étant susceptibles d’être encore en vie, notamment les enfants mentionnés dans ce fichier de contrôle, la mise en ligne sur internet n’est réalisée librement qu’à l’issue d’un délai de 100 ans. En attendant, vous pouvez y avoir accès sans problème dans un cadre sécurisé, via le service d’accès à distance des Archives nationales, qui apporte les garanties appropriées pour encadrer l’accès à ces données. Une fois connecté, il suffit de cliquer sur l’onglet « Détail du contenu » pour afficher les informations et découvrir des trésors.