Pio Boccacino, tisserand
Mes deux grands-pères ont fait la « Grande Guerre ». Le premier, français, a été canonnier pendant quatre ans et demi et en est revenu gazé, mais vivant. Le second, italien, est mort dans ce conflit. C’est à lui que je voudrais rendre hommage.
Pio Boccacino est un ouvrier piémontais né près de Biella le 11 juillet 1891. Il travaille comme tous ses ancêtres comme « tessitore » (tisserand) dans une des nombreuses filatures de la région, Biella étant depuis le 13ème siècle le siège d’importantes industries lainières. Pio est socialiste, membre du Partito Socialista Italiano et secrétaire de la section des industries textiles. Comme tous ses camarades, il est pacifiste et défend la ligne du parti « ni adhérer, ni saboter ». Pourtant, à l’entrée en guerre de l’Italie, en mai 1915, il n’a guère le choix et doit partir. Il est incorporé dès les premiers jours de 1916 ; après trois mois de formation au sud du Piémont, il monte au front.
C’est sur le plateau du Monte Pasubio, culminant à plus de 2 000 mètres, frontière entre la Vénétie italienne et le Trentin alors autrichien, que Pio va se battre durant les douze derniers mois de sa vie dans ces terribles batailles de haute montagne, à coups de canons et de mines, dans la neige et la glace. La prudence dont il témoigne dans son courrier, pour cause de censure, laisse transparaître les horreurs de ce combat.
Ce n’est pourtant pas une balle autrichienne qui tuera Pio en mars 1917 : en partant en permission, il est pris dans un éboulement en descendant du Monte Pasubio. On tente de le sauver en l’emmenant à l’hôpital dans une ambulance, mais il meurt le 4 mars dans le transport : il a 25 ans.
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