La France opère sa première identification d'un Poilu de Verdun par l'ADN
Pour la première fois, la technique de l'ADN a été utilisée pour identifier le corps d'un soldat tombé au champ de bataille de Verdun. Match ! La science le prouve par la génétique : ce corps est incontestablement celui de Claude Fournier, un sergent originaire de Saône-et-Loire. Cette histoire extraordinaire nous est racontée par Frédéric Plancard, journaliste passionné de généalogie, qui a suivi l'affaire depuis ses débuts pour son journal l'Est Républicain.
Tout a commencé le 6 mai 2015, sur le chantier de restructuration du Mémorial de Verdun quand la pelleteuse des ouvriers fait resurgir des ossements. Comme d'habitude, la gendarmerie est prévenue, on appelle le procureur de la République et l'on dépêche sur place le Dr Bruno Frémont, médecin urgentiste à Verdun qui, au fil du temps, est devenu le légiste des Poilus.
Dans l'enchevêtrement des corps et des équipements militaires, on finit par retrouver une plaque d'identification, portant la mention « Claude Fournier, 1900, Mâcon ». Comme l'avait expliqué le Dr Frémont à la Revue française de généalogie, disposer d'une plaque est assez rare et pouvoir l'attribuer formellement l'est encore plus. Lorsqu'on est en présence de plusieurs corps, le métal a pu être arraché par la brutalité d'une explosion ou un camarade a pu arracher la médaille d'un soldat mort, afin de rapporter le décès à son chef d'unité.
L'identification est donc impossible, mais l'histoire fait du bruit. Après la publication de plusieurs articles dans la presse locale, tant dans l'Est Républicain que dans le Journal de Saône-et-Loire, les bonnes volontés se mobilisent. Les gendarmes, les généalogistes, le Souvenir français enquêtent et ont vite fait de retrouver la fiche matricule du fameux sergent Fournier. Celle-ci délivre ses états de service et tout colle !
Ce jardinier né le 27 décembre 1880 à Colombier-en-Brionnais, en Saône-et-Loire a servi au sein du 134e RIT et a été tué au feu le 4 août 1916 à Fleury-devant-Douaumont, non sans avoir âprement bataillé à Saint-Mihiel, Woëvre, en Champagne et à Commercy, et avoir reçu la Croix de guerre. Son état civil nous apprend qu'il s'est marié en 1906 et père d’une fille née en 1910. De là à retrouver son petit-fils, il n'y avait qu'un pas. Mais le corps n'était toujours pas attribué. Lequel, parmi les trois retrouvés était celui de Claude Fournier ?
La réponse est venue par l'ADN. Sur demande du ministère de la Défense, des prélèvements ont été réalisés sur chacun des trois corps et sur celui du petit-fils pour réaliser un test autosomal (sur tous les gènes), puis on a retrouvé une cousine de Claude Fournier à Colombier-en-Brionnais pour réaliser cette fois-ci un test d’ADN mitochondrial, ces deux analyses permettant d'avoir la certitude absolue que c'était le bon corps. Fin de l'énigme et début de l'hommage qui lui sera rendu dans les semaines à venir, suivi de son inhumation définitive.
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