Retrouver un ancêtre esclave ou engagé
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Le généalogiste voulant travailler sur un ancêtre esclave est forcément confronté à des difficultés et à des limites. Ce guide, évidemment, ne lui permettra pas de retrouver l’acte de naissance de l’aïeul, né en Afrique au XVIIIe siècle. En revanche, il lui offrira le maximum d’atouts pour l’approcher et pour ne pas passer à côté des possibilités de trouver des informations le concernant, tout en lui décrivant précisément le contexte historique (histoire de l’esclavage, tableau des métissages, etc.).
Parallèlement aux sources classiques d’état civil et aux recensements, il présente les archives judiciaires (très riches) et notariées (dont celles des maîtres, avec ventes d’esclaves ou esclaves offerts en dot lors d’un mariage) et surtout celles liées à l’affranchissement. Il n’oublie ni les dénominations (des Africains, puis des Affranchis) ni les nouvelles possibilités ouvertes aujourd’hui par l’analyse ADN.
À côté des esclaves, l’ouvrage s’intéresse enfin aux « engagés », hommes libres – très majoritairement indiens – recrutés après l’abolition de l’esclavage pour assurer la main d’oeuvre.
Trois questions à Christian Duic
Son histoire familiale guide son écriture : une nouvelle fois encore, Christian Duic s’est inspiré du meilleur de son expérience généalogique pour donner un maximum de repères aux chercheurs désireux d’en savoir plus sur leurs ancêtres esclaves ou engagés.
Qui êtes-vous ?
Informaticien dans une grande banque, je vis aujourd’hui en région parisienne, mais je suis né à Lorient (Morbihan), Breton par mon père et Réunionnais par ma mère. J’ai commencé la généalogie à l’âge de quinze ans, pour comprendre les liens de parentés entre les nombreux cousins que nous recevions régulièrement chaque été dans la maison de famille à Quiberon. J’ai d’abord remonté ma branche paternelle jusqu’à un Yves Le Duic, né vers 1645. Ayant de très nombreux ancêtres marins, je me suis rapidement intéressé aux archives de la Marine. À l’occasion d’une cousinade, j’ai écrit un livre, qui m’a valu en 2003 le 1er Prix de généalogie du ministère de la Famille. Conscient des difficultés auxquelles j’avais été confronté, j’ai ensuite écrit en 2012 le guide Retrouver un ancêtre marin aux éditions Archives & culture.
Pourquoi avoir consacré votre nouvel ouvrage aux esclaves et engagés ?
Côté maternel, je descends d’esclaves africains et d’engagés indiens. J’avais commencé mes recherches dès 1984 à la section Outre-mer des Archives nationales, alors située rue Oudinot à Paris. J’ai ensuite continué au CARAN, aux ANOM et aux Archives départementales de La Réunion. Mais c’est surtout grâce aux mises en ligne sur Internet depuis environ dix ans que j’ai progressé. De plus, j’ai établi la généalogie de mes neveux, qui ont des origines antillaises par leur père, avec aussi de nombreux esclaves. Les recherches sont passionnantes, mais pas toujours simples. Pour avancer, il faut exploiter des sources documentaires spécifiques. C’est ainsi que je me suis proposé d’écrire ce nouveau guide, qui manquait malgré les ouvrages d’historiens et d’archivistes, plus orientés sur l’esclavage que sur l’esclave lui-même. L’engagisme est encore plus mal connu.
Comment avez-vous travaillé ?
Hors engagés, j’ai d’abord distingué les trois étapes qu’un esclave pouvait vivre : la liberté en Afrique jusqu’à sa capture, la servitude dans les colonies, puis l’affranchissement. Ensuite, j’ai recensé la législation depuis le Code noir de 1685 jusqu’à l’abolition de 1848, je l’ai confrontée à la réalité du terrain via des travaux d’historiens ou mes propres constats, j’ai recherché les documents que cela avait produit, et j’ai vérifié l’état de conservation des archives pour la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion. Désolé pour les descendants de l’île Maurice ou de Saint-Domingue, que je cite parfois, mais je me suis limité aux territoires restés français. Et évidemment, du point de vue méthodologique, je donne des conseils basés sur ma propre expérience et / ou celle d’autres chercheurs sur des forums. J’aborde aussi les tests ADN. En annexe, j’ai sélectionné quelques ouvrages de référence et des sites Internet incontournables. Après six mois d’élaboration, j’espère que ce guide atteindra son but : aider les chercheurs à mieux connaître leurs racines.
Références
Retrouver un ancêtre esclave ou engagé (Antilles, Guyane, La Réunion), Christian Duic, Archives & Culture, octobre 2021, 96 pages, 12 €, ISBN : 978-2-35077-395-7
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