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Sierra Leone : les archivistes numérisent la mémoire de l'esclavage

La Sierra Leone, pays de départ de la traite négrière dispose d'archives intéressantes pour les chercheurs et historiens. Une partie a été numérisée et sera disponible en ligne en 2020, afin de permettre notamment aux descendants d'esclaves de rechercher leur premier ancêtre africain parti de cette ancienne colonie britannique.

Ces archives, nous apprend un article de PRI (Public Radio Information), remontent à 1788, quand des traités ont été conclus entre les chefs régionaux et les colons britanniques. Puis à 1807, après l'interdiction de la traite des esclaves, quand les administrateurs britanniques de la colonie ont rempli des registres de descriptions de chaque Africain libéré.

Depuis les années 2000, ces documents sont numérisés et constituent des bases de données sur la traite négrière. Ils apportent un regard nouveau sur l'ampleur du phénomène : si au moins 12,5 millions de personnes ont été enlevées en Afrique et vendues comme esclaves entre 1500 et 1875, pas moins de 10,7 millions de personnes, réduites en esclavage jusqu'à leur village ou leur tribu d'origine ont survécu au passage des navires négriers.

Katrina Keefer, professeure à l'Université Trent du Canada a trouvé une idée pour tenter de retracer les parcours individuels. Elle a interprété les cicatrices faciales faites par des Africains pour montrer leurs origines et leur identité. Après avoir été réduits en esclavage, ils représentaient sur leur visage et leur cou des séries de lignes droites de longueurs et de motifs différents pour indiquer leur pays d'origine, leur village ou leur groupe ethnique.

Dans de nombreux cas, ces descriptions de cicatrices faciales ont été transcrites et même dessinées par les colons britanniques en 1807. La chercheuse a mis au point un programme informatique capable de reconnaître et de cataloguer ces cicatrices.

Cette base de données des cicatrices est destinée à alimenter un nouveau centre d'information baptisé Enslaved, regroupant un certain nombre d'institutions et d'endroits qui détiennent des données peu connues du grand public. Il tentera de rassembler les recherches sur l'esclavage historique en un seul lieu. Un progrès notable qui ne résoudra en rien le manque de moyens des archives de la Sierra Leone...

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Image : Kartikay Chadha/Visual Analytics Laboratory, OCAD University

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