Moutardier
C’est dans les environs de Dijon que la moutarde prit tout son essor. Le terrain, mais surtout le verjus fourni en abondance par les vignes, furent à l’origine de ce succès. Bientôt des marchands ambulants, les moutardiers, sillonnèrent les rues des villes pour vendre une pâte brune. Rendue célèbre par les moines de l’abbaye de Cîteaux, la moutarde de Dijon occupait une large place sur les tables de la bourgeoisie locale suffisamment riche pour manger de la viande, et donc de la moutarde, à tous les repas. Elle agrémentait également les tables du Roi.
Les vertus thérapeutiques de la moutarde étaient reconnues depuis l’Antiquité. Tour à tour employée sous forme de farine, de graine, d’huile, de racine ou de suc, elle faisait merveille tant en usage externe qu’interne. Les cataplasmes à la moutarde étaient conseillés pour soigner les rhumes, les bronchites, les grippes et autres maladies de poitrine. Une fois passée la sensation cuisante sur la peau, la moutarde soulageait le malade grâce à ses propriétés révulsives. Il y avait aussi des adeptes du bain sinapisé ou des ventouses. En usage interne, la moutarde en condiment était prescrite pour faciliter la digestion.
Dans le dictionnaire botanique et pharmaceutique de 1768, « la moutarde est excellente pour corriger le sel acide fixe, volatiliser le levain de l’estomac et cuire plus parfaitement les aliments : c’est pour cette raison qu’on se sert toujours de la moutarde préparée pour servir d’assaisonnement aux poissons et aux chairs salées qui sont difficiles de digestion et remplies d’un acide fixe ». Que croire alors du bruit selon lequel les médecins déconseillaient souvent la moutarde sous prétexte qu’elle leur enlevait trop de clients.