Affre
Les imprécisions qui règnent sur les patronymes issus de vieux surnoms germaniques laissent toujours planer une large part de mystère sur leur véritable origine. Cette énigme est d’autant plus grande que nous sommes en présence de dénominations qui nous font remonter quinze siècles en arrière. Souvenons-nous de la chute de l’Empire Romain, au milieu du Premier millénaire. À cette époque, les chefs de guerre germaniques portaient des noms particuliers. Par exemple, Aiffro, composé de aifrs, « rude », « revêche » qui a donné le vieux haut allemand eivar de même sens. Ce surnom originel avait donc un sens symbolique qui s’est perdu au fil du temps quand il fut adopté par les familles gallo-romaines. La christianisation aidant, Aiffro, probablement latinisé en Aiffrus est devenu un nom de baptême. À partir du XIIIe siècle, ce nom de baptême s’est transformé à son tour en patronyme héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération, sous la forme régionale Affre. Fréquence et localisation : le patronyme Affre compte 255 foyers en France de nos jours. Il se montrait déjà bien présent dans l’Hérault, le Gard, l’Aveyron à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter les Bouches-du-Rhône, le Tarn et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. Nous constatons qu’il y a de grandes chances pour que le patronyme Affre soit très faiblement polyphylétique : du grec poly, « plusieurs » et de phylum, « race », « tribu ». Cette notion s’applique à nom de famille qui s’est développé au travers des siècles à partir de plusieurs souches distinctes, dans ce cas à peine deux ou trois. C’est le cas de la majeure partie des patronymes qui comptent plus de 300/500 foyers en France de nos jours. L’histoire a gardé mémoire de Monseigneur Denys Auguste Affre (1793-1848), originaire du Rouergue, 126e archevêque de Paris, mort sur les barricades de la Révolution de 1848 en tentant de ramener la paix.