Cabaret
Nous pourrions être en présence d’un ancien nom de lieu-dit devenu nom de famille à partir du XIIe siècle, du néerlandais cabaret, cabret qui a donné le picard camberete et le vieux français cabaret, « entrée de la cave » (en Normandie cabaret a longtemps désigné un « avant-toit ») et par extension « lieu où l’on vient boire », « maison où l’on sert du vin au détail », comme dans cet extrait d’un dictionnaire ancien : « Bon cabares, et bien pourvu de vyn, de chair, de volailles et de poissons » (XVIe siècle). Autre explication : un très rare surnom qui aurait pu évoquer l’autre sens de cabaret en ancien français : « plante médicinale », un des noms de la cardière sauvage, connue pour ses vertus digestives, appelée aussi « cabaret des oiseaux ». Dans ce cas, plutôt un nom de lieu-dit caractérisé par cette plante que par un surnom d’herboriste ou d’apothicaire.
Fréquence et localisation : le patronyme Cabaret compte 1 225 foyers en France de nos jours. Il se montrait déjà bien présent dans la Sarthe et dans une moindre mesure dans le Pas-de-Calais à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter le Nord, les Côtes-d’Armor et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. Lieux-dits : nous en identifions de très nombreux, environ une centaine : « cabaret », « le Cabaret », « Bois de Cabaret », et même deux amusants « le Grand-Cabaret », l’un sur la commune de Morières-lès-Avignon dans le Vaucluse, l’autre sur la commune de Quesnoy-sur-Deûle dans le Nord, sans oublier « le Cabaret-de-l’Âne » sur la commune de Saint-Léger-sur-Roanne dans la Loire, etc.
Formes patronymiques proches : Cabares, 20 foyers en France, Tarn-et-Garonne ; Cabarez, 15 foyers en France, Nord ; Cabaretier, 10 foyers en France, Haute-Marne, Lot-et-Garonne ; à rapprocher de l’ancien français cabareteur, « cabaretier », comme dans : « les vins des taverniers, hosteleus et cabareteux » (XVe siècle). À Paris, pour être reçu cabaretier, il fallait obtenir une lettre des Maîtres et Gardes de l’Hôtel-de-Ville et du Procureur du Roi. Nous pourrions distinguer trois sortes de cabarets jusqu’au XIXe siècle : ceux qui vendaient des boissons au détail, « à pot et à pinte » ; ceux qui vendaient « à pot et assiette » où l’on pouvait manger, les tavernes ; et enfin ceux qui proposaient à manger, à boire et logeaient, les auberges.