Delozière
Nous sommes le 14 octobre 1846, le bon père Ossaye, quatre-vingt-quatre ans, curé de Moissat-Haut, près Vertaizon en Basse-Auvergne, vient de terminer ses « écritures » quotidiennes. Ce jour, non sans un certain plaisir, il a fidèlement consigné le baptême de sa nièce, Léopoldine Ossaye, portée le matin même sur les fonts baptismaux. Le vieux prêtre se souvient alors de l’ancien temps, celui « des vrais Louis », des grands rois de France avant la révolution de 1789. À cette époque, il était tout jeune curé et à ce titre devait déjà remplir soigneusement les registres des baptêmes, mariages et sépultures. Ces précieux documents représentaient souvent les seules traces laissées sur terre par nombre de vies humbles et laborieuses (c’était avant l’état civil républicain). Il pensa : « Les Ossaye sont originaires du pays des Martres et de Thuret dans le Puy-de-Dôme… Ce n’est pas étonnant, se dit le vieil homme, emporté par les souvenirs, car mes ancêtres paternels vivaient à proximité de lieux où l’on exploitait l’osier. » (texte apocryphe).
Des liens très resserrés…C’était alors une véritable richesse pour les paysans de la contrée : ils plantaient des saules dans les terrains humides, voire inondables et coupaient les rameaux des plus jeunes. Une manne mise à disposition de tous. À chaque récolte, l’on pouvait circuler sur les chemins des ânes chargés de ballots d’osier : du rouge aux rameaux effilés, très flexibles, utiles à la confection des paniers fins ; du jaune, précieux pour des travaux de vannerie plus communs et du blanc, souvent de la grosseur du doigt, pour des bancs, et des carcasses de sièges et de canapés, comme c’est la mode depuis quelques années. Le nom commun osier, pour désigner un « petit saule aux rameaux flexibles » vient du latin auseria, « bosquet », « groupe d’arbres ». Nous pouvons également rattacher à la famille de noms liés à l’osier, à sa culture et à ses différentes utilisations, d’autres patronymes :
- Ossaye, 10 foyers en France, Puy-de-Dôme ;
- Ardaillon (Haute-Loire), Ardillon (Vienne), 135 foyers en France, ancien surnom d’un bûcheron, de l’homme qui rassemblait des fagots (de l’ancien français ardillon, « lien d’osier »). À mettre aussi en relation avec le nom du lieu-dit « Les Ardaillons » sur la commune de Bost dans l’Allier.
- Coffin (Cher), Coffy (Haute-Loire), 735 foyers en France, ancien surnom de l’homme qui fabriquait des paniers en osier (de l’ancien français coffin, « sorte de corbeille »).
Dans le nord de la France, les premiers porteurs de ce nom habitaient certainement un lieu-dit « de l’ozière », c’est-à-dire un endroit caractérisé par une plantation d’osier.
De l’ancien français osiere, « branche d’osier », comme dans : « ung petit panier d’oziere tout plein de divers fruitages » et de l’ancien français ozier, « osier », comme dans : « Après, la vigne sera reliée avec des osiers dous et flexibles ».
Les 30 foyers Delozière(s) de la France d’aujourd’hui se situent notamment dans le Pas-de-Calais, etc.
Autres formes patronymiques :
- Dozière 115 foyers en France, Hauts-de-France, Ile-de-France ;
- Dozier, 70 foyers en France, Nord, Ile-de-France ; Dhozier,
- Dozières, 30 foyers en France, Aube, Ile-de-France.
- Dauzier, 50 foyers en France, Dordogne, Gironde, Cantal, Corrèze, etc.
À souligner le nom (rare aujourd’hui) Pierre Dhozier, célèbre généalogiste français du XVIIe siècle.