Enfer
Commençons prudemment par le latin infernum, « qui est en dessous » (cf. « inférieur »). Il a donné l’ancien français enferm, « en bas», puis dans la religion chrétienne « lieu destiné aux supplices des damnés » comme dans : « L’Ame s’en va en enfer séjorner… » (XVIe siècle), mais aussi le bourguignon enfar, le picard, infer, le provençal, infern, yfern, enfern, le catalan infiern, l’espagnol, infierne, l’italien, inferno...
Sans risquer, espérons-le, d’être voué aux flammes éternelles, citons différentes formes patronymiques : Enfer, 60 foyers en France, Ile-de-France, Bourgogne ; Enfert, 70 foyers en France, Aube ; Denfer, 15 foyers en France, Charente ; Denfert, 25 foyers en France, Centre ; Denferd, très rare, moins de 10 foyers en France. Nota : les lieux-dits « Enfer », « L’Enfer » désignaient souvent des bandes de terrains situés en contrebas ou des champs connus pour leur aridité, d’où des noms de famille d’origine sans relation directe avec le « séjour des âmes ».
Pour aller plus loin, citons le nom de famille Lucifer, d’après le nom de l’ange déchu et ses variantes espagnoles, Lucifero et Lucifera (de lucis-ferre, « porteur de lumière », avant sa chute), tous très rares en France, moins de 10 foyers. Par contre, pas de patronyme Diable (« celui qui divise »), ni de Belzébuth (« prince des démons ») en France, mais des Démon (« esprit mauvais »), comme patronyme (attention, il est à comprendre comme « originaire de Mons » en Belgique), 215 foyers en France dont 70 dans les Hauts-de-France. Quelques rares Satan et Satana (« l’adversaire » ou « l’accusateur »), une poignée de Damné, Damnée (anciens surnoms d’hommes lestes, agiles) et même quelques Orphée, présents à La Réunion, le Lot-et-Garonne, d’après le nom d’un évêque d’Uzès du IXe siècle, enfin de rares Orfeo (Orphée), venus d’Italie, mais, hélas, aucun(e) Eurydice.
L’Histoire a retenu mémoire d’Aristide Denfert-Rochereau, (1823-1878), officier supérieur et député français, célèbre pour avoir dirigé la défense de Belfort durant la guerre franco-allemande de 1870, ce qui lui valut le surnom de « Lion de Belfort ».