Marie
Le cas des noms de famille transmis par la mère est plus fréquent qu'on ne croit.
Marianne Mulon cette éminente archiviste et linguiste française (1927- 2011) nous rappelle, dans Origine et Histoire des noms de famille paru aux éditions Errance en 2002, qu’il ne s’agit pas de la seule explication. Pour elle, le matronyme peut aussi être un simple prénom féminin. Elle s’appuie sur une coutume normande : en cas de naissance illégitime le prénom de la mère est donné à l’enfant nouveau-né en guise de nom de famille. C’est notamment souvent le cas de Marie, qui avec 10 425 foyers occupe le 77e rang des noms les plus fréquents en France. Sa répartition géographique le situe principalement en Normandie : Calvados, Manche, Seine-Maritime, et de Marguerite, 500 foyers en France, Calvados, Manche, Orne, etc.
Explications d’origine en partie différente pour les Denise, 500 foyers en France, Seine-Maritime, Marne, Nord, Meurthe-et-Moselle, mais aussi La Réunion ; Suzanne 900 foyers en France, La Réunion, Calvados, Bouches-du-Rhône ; Colette, 315 foyers en France, Nord, Manche, Calvados ; Nicole, 855 foyers en France, La Réunion, Pas-de-Calais, Paris, il s’agissait plutôt de la référence à une jeune veuve non remariée ou une maitresse-femme.
Autre exemple Justine, 270 foyers en France, très fréquent à La Réunion et dans les Antilles françaises. Au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848, dans ces îles, l’attribution de noms de famille a été souvent calquée sur le prénom direct de la personne concernée, celui de sa mère. En Métropole, il serait plutôt un nom de lieu-dit d’origine dans le Nord-Est de la France (Marne, Ardennes, etc.), à rapprocher de « Justine », commune des Ardennes, ancien domaine gallo-romain (Justina villa), aujourd’hui appelé Justine-Herbigny.