Dossiers

Les registres matricules militaires en généalogie contemporaine

23image1.jpg

Fiche matricule particulièrement fournie de Victor Neulat, précisant ses domiciles successifs jusqu’en 1954.
Crédits
Capture AD71

Les registres matricules se généralisent en 1867 et succèdent aux registres de contrôle des troupes. D’abord présentés sous formes de tableaux, ils prennent la forme, en 1878, d’une fiche individuelle d’une page, identifiée par un numéro matricule. La structure de la page est bien définie et évolue peu à partir de 1878. Elle comprend différentes rubriques rappelées dans le tableau ci-dessous.

Ce registre est dressé chaque année, par classe, lors de la vingtième année du conscrit, dans le bureau de recrutement militaire dont dépend sa commune de résidence. Des tables alphabétiques annuelles, particulièrement utiles pour les recherches, sont également tenues.

Vous pourrez ainsi retrouver dans ces registres les membres masculins de votre famille nés après 1847 (voire avant dans certains départements), pour peu qu’ils aient effectué leur service militaire (car, avant 1890, un certain nombre d’exemptions étaient accordées).

Un trésor d’une concision toute militaire

Les registres matricules constituent un véritable condensé généalogique et biographique puisqu’ils fournissent les renseignements suivants :

  • État civil : nom, prénoms, surnom le cas échéant, date et lieu de naissance, lieu de résidence, noms, prénoms et domicile des parents, parfois profession, religion (entre 1875 et 1879), nom et prénoms de l’épouse en cas de mariage, date de naturalisation le cas échéant ;
  • Description physique : couleur des cheveux et des yeux, forme du front, du nez, de la bouche, du menton et du visage, taille, marques particulières (cicatrices, etc.) ;
  • Condition physique : indiquée en cas d’exemption ou pendant le service si contraction d’une maladie ;
  • Modalités de recrutement : numéro d’inscription, lieu de recrutement, aptitude, numéro matricule, classe de mobilisation ;
  • Degré d’instruction : indiqué par un numéro de 1 à 5 qui fait référence aux niveaux suivants : 0 : ne sait ni lire ni écrire ; 1 : sait lire seulement ; 2 : sait lire et écrire ; 3 : possède une instruction primaire plus développée ; 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement ; 5 : bachelier, licencié… (avec indication du diplôme) ;
  • Corps d’affectation : différentes unités occupées pendant les trois périodes militaires : l’active, la réserve et la territoriale ;
  • états de services et mutations diverses : ces éléments permettent de retracer le parcours militaire de l’intéressé : date de l’engagement, noms des régiments, dates de début et de fin… ;
  • Antécédents judiciaires et condamnations ;
  • Campagnes : auxquelles il a participé et dates de début et de fin ;
  • Blessures, citations ou décorations : obtenues ou survenues pendant cette période ;
  • Résidences successives : pendant le service militaire et la réserve.

Un intérêt évident en généalogie descendante

Les registres matricules présentent un certain nombre d’avantages pour des recherches généalogiques contemporaines :

  • la rubrique « Résidences successives » énumère les diverses adresses précises de l’intéressé jusqu’à ses 45 ans, âge maximal de mobilisation en cas de guerre. Elle permet donc de suivre la trace d’un membre de sa famille sur plusieurs décennies et constitue un préambule intéressant à des recherches dans les recensements ou l’état civil ;
  • la section « Détails des services » peut également comporter différentes adresses (à l’issue du service militaire, en cas de démobilisation…) ainsi que la mention du nombre d’enfants dans certains cas (ex : « Libéré de toute obligation militaire comme père de 7 enfants, art. 58 de la loi du 31 mars 1928 »). Elle peut également préciser les date et lieu de décès si l’intéressé est décédé avant l’âge de 45 ans ;
  • les registres matricules sont faciles d’accès puisqu’ils sont en ligne pour la plupart des départements, et ce, souvent jusqu’en 1921 ;
  • ils permettent de retrouver rapidement la trace d’un collatéral. En effet, les tables alphabétiques annuelles, parfois en ligne jusqu’en 1940, offrent la possibilité de rechercher très simplement un patronyme sur un secteur géographique étendu (couvrant généralement le tiers ou la moitié du département). En outre, les registres matricules ont été largement indexés, en particulier pour la période de la Grande Guerre ;
  • il est possible, en l’absence de données médicales, de consulter les registres matricules de plus de 50 ans (à compter de la classe), c’est-à-dire antérieurs à la classe 1971, aux Archives départementales, en série R (ou aux Archives nationales d’outre-mer pour les anciennes colonies). Autrement dit, grâce à ce fonds, vous pouvez retracer le parcours d’un membre de votre famille né avant 1951, et ce, potentiellement jusqu’en 1996 !

Comment retrouver un registre matricule ?

Ces registres peuvent être consultés sur les sites Internet des Archives départementales. Un certain nombre de départements comportent des programmes d’indexation et il suffit parfois de saisir un nom de famille pour trouver son bonheur ! Par ailleurs, Geneanet a lancé un grand projet d’indexation des registres matricules. Enfin, citons le site Internet Grand Mémorial qui constitue un point d’entrée à plus de 8 millions de fiches matricules de poilus en permettant d’interroger simultanément plus de 94 bases de données.

À défaut d’indexation, la démarche de recherche est relativement simple :

  1. déterminez la date de naissance de votre ancêtre (ex : 1890). Si vous ne disposez que d’une date approximative, il vous faudra rechercher dans plusieurs tables successives ;
  2. ajoutez 20 ans pour connaître l’année de sa classe et donc de son recrutement (ex : 1910) ;
  3. déterminez son lieu de résidence approximatif lors de ses 20 ans ;
  4. identifiez le bureau de recrutement dont dépendait son domicile ;
  5. consultez le répertoire alphabétique de l’année et du bureau de recrutement. Cette table se présente sous la forme : Nom / prénoms / Numéro matricule / Numéro du registre (volume) ;
  6. notez les références du registre indiquées en face de l’individu recherché : numéro matricule et numéro de volume. Attention ! Ne vous arrêtez pas au premier résultat rencontré. Il se peut qu’il y ait plusieurs homonymes pour la même classe. Pointez toutes les lignes qui conviennent ;
  7. reportez-vous au registre matricule correspondant, dans le volume indiqué. Le numéro matricule est inscrit en haut à droite (pour les registres postérieurs à 1878).

Nota : pensez à consulter la page précédente et/ou la suivante pour les registres en ligne comportant des volets en papier. En effet, le dessous des volets fait souvent l’objet d’une numérisation supplémentaire.

Si jamais vous ne trouvez pas l’individu recherché, c’est que :

  • il a peut-être été recensé un an avant ou après. En effet, à la fin des tables alphabétiques se trouvent parfois des listes complémentaires de conscrits ;
  • il a peut-être été recensé ailleurs : le domicile que vous avez envisagé est peut-être erroné ;
  • il est né avant 1870 et fait partie de ceux qui ont tiré un « bon numéro » ou ont été exemptés de service militaire. En effet, avant la loi Freycinet de 1889, un certain nombre d’hommes pouvaient être exemptés en raison de leur situation familiale (soutiens de famille), de leur situation professionnelle (ecclésiastiques, enseignants, élèves de grandes écoles), de leur état de santé (constitution physique trop faible), ainsi que les individus ayant tiré un « bon numéro » accordant l’exemption. Pour le confirmer, consultez les tableaux de recensement communaux répertoriant tous les garçons âgés de 20 ans résidant dans la commune ou les listes du tirage au sort cantonales, indiquant les cas d’exemption ou de réforme et les motifs afférents, lesquels sont conservés soit en mairie en sous-série 1H, soit aux Archives départementales en sous-série 1R.
Retrouvez ce dossier dans nos publications