Porcelainier

Le secret des pâtes de porcelaine tendre étant jalousement gardé, le débauchage des ouvriers par les manufactures concurrentes était chose courante au 18e siècle ! La manufacture de Sèvres n’était pas étrangère à ces pratiques. A sa création, en 1738, elle bénéficia d’une situation privilégiée en tant que « Manufacture du Roi » avec « le droit exclusif de fabriquer de la porcelaine façon Saxe, peinte et dorée à figure humaine ». Il s’agissait alors exclusivement de porcelaine tendre. La manufacture reçut par la même occasion le monopole de la dorure. Exemple : Lamprecht, un artisan borgne d’origine viennoise qui inventa les camaïeux bistres, était ainsi recensé à Clignancourt en 1783 avant d’être débauché par les ateliers de Sèvres de 1784 à 1787. Mais si la Manufacture de Vincennes-Sèvres avait recours au débauchage d’ouvriers, elle cherchait à s’en prémunir par tous les moyens. Diverses dispositions visaient à empêcher les ouvriers de travailler pour le compte d’un concurrent et d’empêcher l’embauche de son personnel. Un arrêté daté de 1747 empêchait les ouvriers d’aller et venir à leur gré. Ils ne pouvaient en outre pas s’absenter, ne serait-ce qu’une seule journée, sans la permission du directeur. Et s’ils étaient pris en faute, la direction leur retirait le double de leur salaire quotidien. Une absence de plusieurs jours sans permission était punie d’amende et de prison.