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Des généalogistes tahitiens au tribunal à Papeete

La généalogie foncière à Tahiti et dans toute la Polynésie française est un enjeu de taille. Au point que certains généalogistes n'hésitent pas à franchir les limites pour retrouver les contours des propriétés et donner, succession en main, les noms des propriétaires actuels de bouts de terrains autrefois sans valeur et aujourd'hui constructibles. Mardi 20 septembre 2016, une douzaine de chercheurs d'ancêtres, retraités, actifs ou bénéficiant des minimas sociaux, étaient jugés pour avoir, pendant cinq ans, exercé illégalement la profession de généalogiste. Face au scandale soulevé à l'époque de leur arrestation entre 2007 et 2011, la Polynésie française avait même adopté une loi réglementant la profession de généalogiste successoral afin d'endiguer les vocations chaque jour plus nombreuses.

Toutefois, ce n'est pas pour avoir exercé ce métier sans diplôme que les prévenus étaient poursuivis, mais pour avoir fraudé le fisc et travaillé sans déclarer les sommes gagnées aux organismes sociaux. Et ces sexagénaires férus de généalogie n'avaient pas spécialement la main légère lorsqu'ils "facturaient" les dossiers à leurs "clients", jusqu'à 500 000 francs pacifiques (environ 4.200 euros). La plupart connaissaient bien les ficelles des procédures foncières polynésiennes parce qu'ils avaient déjà pour eux même débrouillé l'écheveau des successions pour leur propre compte et celui de leur famille. Une expérience qui leur avait donné l'idée de continuer pour les autres, en se faisant rétribuer.

Lors du procès, relate un article de Tahiti Infos, le président du tribunal leur a aussi reproché d'avoir abusé de leur situation : "Ils approchaient le plus souvent des gens peu instruits, des polynésiens des îles, ou maîtrisant mal le français", selon les conclusions de l'enquête de la Direction des affaires foncières (DAF). Les prévenus ont tous reconnus les faits, une douzaine de dossiers par an pour l'un, jusqu'à 89 pour un autre : "Je prenais ces sommes comme des remerciements pour mes recherches, les clients payaient sans que je ne leur demande rien". Avec ces hordes de pseudo-généalogistes, l'ambiance aux Archives de Tahiti avait perdu beaucoup de sérénité, puisque certains n'hésitaient pas à démarcher leurs clients jusque dans la salle de lecture, s'accaparant les bureaux et les outils informatiques mis à disposition des usagers, et même menacer le personnel selon les extraits de la plainte dévoilés par le président du tribunal. Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre prochain.

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