Eugène Delerue, pilote de Caudron
Eugène Charles Marie Joseph Delerue est né le 29 octobre 1891 à Fives-Lille. Cherchant l’aventure, il s’engage au 9e régiment de cuirassier le 1er octobre 1910 à St Omer à l’âge de 19 ans et y reste jusqu'en octobre 1912. Il se déclare alors négociant et est domicilié à Lille.
Il est rappelé début août 1914, à 23 ans. Le 9e cuirassier est mobilisé à Douai ; il avance en Belgique vers Charleroi. Après la défaite de Charleroi et de Mons, il fait retraite par Maubeuge, puis Beauvais et se regroupe finalement à Meulan sur la Seine près de Versailles (5 septembre 1914).
Le régiment participe alors à un grand mouvement appelé la course à la mer (mi-septembre/mi-novembre 1914). Les Allemands foncent vers l’ouest pour essayer d’atteindre et bloquer les ports de liaison avec l’Angleterre. Le régiment remonte plein nord, jusqu’à la mer du Nord et fait jonction avec les troupes britanniques. Fin 1914, le régiment est pratiquement anéanti : l’effectif n’est plus que de 18 officiers et 178 hommes. Le régiment est alors recomposé et réorganisé pour la guerre de tranchée.
Cette nouvelle vie de poilu ne convient pas à Eugène qui décide de s’orienter vers l’aviation. En 1914, il n’y a que 314 pilotes militaires. Il faut former de nouveaux pilotes de toute urgence, car on voit l’efficacité de cette nouvelle arme. Des écoles sont ouvertes, en particulier à Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain en août 1915. C’est là qu’Eugène va apprendre à piloter. Des promotions de quarante de pilotes sont formées en quatre mois. L’équipement des avions est réduit à un altimètre, auquel on ajoute pour le passage du brevet, un compas et un baromètre. Le 5 novembre 1915, Eugène reçoit le brevet de pilote militaire n°1917, avec la spécialité pilote Caudron.
Le 22 janvier 1916, Il est nommé sous-lieutenant, pilote d'escadrille à l’escadrille C9 cantonnée à Villers-lès-Nancy. Cette escadrille fait voler neuf Caudron G3 et G4 dont quatre équipés de TSF. Le Caudron G4 est un biplan, bimoteur, biplace. Sa vitesse maximale est 124 km/h. Son poids à vide est de 700kg. Il peut monter à 4000m et son autonomie est de 3,5h. Il est utilisé en reconnaissance et en bombardement. À l’avant de la nacelle, se trouve le siège de l’observateur, le pilote est derrière.
Le 10 mars, il s’envole en Caudron G4 avec le sous-lieutenant observateur Jacques Perbosc en vue de faire un réglage de tir d’artillerie. Ils volent vers le front à Bézange-la-Grande (54370).
Pendant sa mission, aux environs de Bézange, il est pris dans le feu de la DCA allemande et est touché. Son avion s’écrase dans un bois dans les lignes allemandes.
Il obtient une citation : « Pilote de la plus grande bravoure, ayant rendu les plus grands services depuis le début de la campagne. Le 10 mars 1916, faisant un réglage de tir, a été accueilli par une violente canonnade. A néanmoins continué sa mission avec le plus grand calme et est tombé glorieusement atteint par un obus ennemi. Tué au combat avec le sous-lieutenant Jacques Perbosc. ».
Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur et reçoit la Croix de guerre à titre posthume.
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