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La généalogie de l'hôtel Crillon

L'histoire du Crillon, dont la vente fait couler beaucoup d'encre est une histoire pleine de méandres… Ne serait-ce qu'au niveau de son nom : avec d'abord celui d'une commune de l'Oise, qui s'était appelée Boufflers, jusqu'à ce que ses seigneurs vendent leurs terres, en 1756, à un certain Louis de Berton des Balbes de Chieri, duc de Crillon-Mahon, au profit de qui elles seront érigées en duché (l'histoire ici est la même que pour Amboile, dans la vallée de la Marne, devenue Ormesson en 1758, pour être érigée en marquisat au profit de la famille de ce nom, que pour Chambrais, dans l'Eure, devenue Broglie en 1742 pour être érigée en duché héréditaire au profit la famille de Broglie, d'origine italienne, que pour Yvoy, dans les Ardennes, devenue Carignan, pour être érigée en duché au profit du prince de Savoie-Carignan, ainsi nommé d'après le nom d'une de ses possessions italiennes, la ville de Carignano). Mais la famille de Berton des Balbes, originaire de Chieri, en Italie, était venue s'établir en 1456 dans l'actuelle commune de Crillon, dans le Vaucluse, qu'elle avait également fait érigé en duché en 1725, après que le chevalier Louis de Berton, pour avoir été surnommé « le brave » ait été à l'origine de l'appellation actuelle de cette commune : Crillon-le-Brave… Un nom récupéré en Provence pour passer à une commune de Picardie : voilà un beau chassé-croisé !

Vient ensuite l'histoire de l'hôtel lui-même. Il est établi dans un des bâtiments monumentaux édifiés sous Louis XV par Gabriel et où Marie-Antoinette venait dit-on prendre ses leçons de piano – face à la place où elle sera guillotinée… Il avait été ainsi nommé pour avoir été acheté, en 1788, par un de nos Crillon provenço-picards, François Félix des Balbes de Berton de Crillon, deuxième duc de Mahon, qui sera député aux États-Généraux et l'un des fondateurs du club des Feuillants. Ses descendants ne le revendront qu'en 1907, à la Société des Grands Magasins et des Hôtels du Louvre, pour lui faire connaître le fabuleux destin que l'on sait, avec ses 103 chambres et ses 44 suites et comme lieu d'accueil du fameux Bal des débutantes.

Cette vente s'était inscrite dans le grand mouvement du développement de l'hôtellerie de grand luxe, dont le concept avait été défini par le suisse César Ritz (1850-1918), qui avait commencé sa prodigieuse carrière comme simple serveur de restaurant. Après une carrière étonnante, il avait racheté l'ancien hôtel de Gramont, place Vendôme, pour en faire l'établissement qui porte encore son nom et qui devait rivaliser avec l'Hôtel Meurice, quant à lui plus que centenaire, pour avoir été fondé en 1771 par Augustin Meurice, à l'intention des riches Anglais séjournant à Paris et placé à l'origine au 223 de la rue Saint-Honoré, lieu de terminus de la diligence arrivant de Calais.

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