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Recherche descendantes de Montaigne désespérément...

Il y a un mystère Montaigne : a t-on vraiment retrouvé à Bordeaux le tombeau du grand philosophe du XVIe siècle ? Pour le savoir, on appelle l'ADN à la rescousse ! Laurent Coste, professeur d’histoire à l’université Bordeaux-Montaigne est en train de dresser l’arbre généalogique du grand homme, afin de retrouver des descendantes. Un travail de bénédictin qui porte sur au minimum quinze générations !

L'idée est de convaincre des descendantes prouvées de Michel Eyquem de Montaigne de faire tester leur ADN afin de le comparer à celui qui va être prélevé sur plusieurs corps mêlés retrouvés récemment dans les caves du musée d’Aquitaine, à Bordeaux. Il s'agit bien uniquement de descendantes, car les chercheurs comptent utiliser leur ADN mitochondrial, transmis seulement par les femmes.

Interrogé par La Revue française de généalogie, Laurent Coste se dit sur plusieurs pistes parallèles, mais fragiles : "L’une d’entre elle s'est terminée en impasse, j'avais identifié une descendante, mais elle est décédée l'an dernier à 102 ans, sans enfant". Il place à présent son espoir dans un mariage dans l'Indre : "Il s'agit de l'union de Timothée Jolivet et Anna Jeanne Brousse, conclue en 1917 à Fougerolles dans l'Indre".

Bloqué par le confinement et la correction des copies de ses étudiants, le professeur n'a pas pu se rendre sur place pour vérifier si ce couple avait eu des descendantes. Mais le scientifique a noué des relations avec la Société généalogique du Bas Berry qui a lancé ses bénévoles sur le sujet.

Car depuis plus de 100 ans, on a perdu toute trace du tombeau du grand philosophe du XVIe siècle. Lors de son décès survenu en 1592 au château familial de Montaigne en Dordogne, les restes de l’auteur des Essais mort en 1592 sont dans un premier temps parfaitement "traçables". Si son coeur est enfoui dans l'église de son village de Saint-Michel-de-Montaigne, sa dépouille rejoint, elle, la chapelle du couvent des Feuillants à Bordeaux, ville dont il fut le premier magistrat de 1581 à 1585.

C'est là que commence le mystère. L'édifice connaît une existence mouvementée : il est détruit, reconstruit au XVIIe siècle, profané lors de la Révolution, puis devient un lycée sous Napoléon, avant d'être ravagé par un incendie en 1871. Les corps présents sous la chapelle sont cependant préservés et transférés vers le cimetière de la Chartreuse.

Mais 15 ans plus tard, les élus bordelais veulent rendre hommage au grand homme. En 1886, des restes, désignés comme ceux de Michel Eyquem de Montaigne reviennent à leur point de départ, dans les sous-sols de ce qui est devenu le Palais des facultés, aujourd'hui le musée d'Aquitaine. Un spectaculaire cénotaphe sculpté vers 1593 à la gloire de l’humaniste ne doit pas faire illusion. Il n'y a pas de corps à l’intérieur et jusqu'il y a peu, plus personne ne savait où se trouvaient les restes du philosophe.

Fin septembre 2018, Laurent Védrine, le conservateur du musée qui est aussi archéologue a l'idée de faire explorer par micro-caméra un tombeau de la salle des réserves médiévales, qui pourrait être celui de Montaigne. Rapidement remontent à la surface des images incontestables montrant une plaque de cuivre marquée au nom de Michel de Montaigne.

En novembre 2019, une équipe de chercheurs vient extraire le corps supposé du philosophe pour l'examiner. Surprise, ce n'est pas un, mais deux cercueils que l'on trouve, le premier en bois cache un second en plomb. Et en dessous des deux se trouve encore une surprise, une sorte de chambre funéraire qui contient un crâne doté d'une seule dent et une mandibule et d'autres ossements qui ne semblent pas appartenir au même corps, sans doute au total, à deux ou trois individus différents.

La situation sanitaire a retardé les recherches, le deuxième cercueil, celui en plomb doit être ouvert cette automne. D'ici là, les recherches généalogiques pourraient bien avoir avancé et permis de retrouver des descendantes probables aux fins de comparaison. En êtes-vous ?

Liens

Illustration : Cénotaphe de Montaigne - Ph. F. David, mairie de Bordeaux.

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