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Archives algériennes : deux experts pour "réconcilier les mémoires"

Ce sont deux historiens qui ont été désignés par leurs pays respectifs pour favoriser "la réconciliation entre les peuples français et algérien". Benjamin Stora s'est vu confier par la France une mission sur "la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie", en vue de favoriser "la réconciliation entre les peuples français et algérien".

En Algérie, c'est Abdelmadjid Chikhi, le directeur du Centre national des Archives algériennes, l'équivalent de nos archives nationales françaises qui a été nommé pour poursuivre les discussions avec Paris sur les questions mémorielles. Les deux historiens examineront entre autres le retour de certaines archives établies lorsque l'Algérie composait trois départements français.

Ce travail de mémoire est voulu par les présidents français et algérien Macron et Tebboune, mais le point précis de la restitution d'archives en constitue une partie très délicate et douloureuse. Car même si la France et l'Algérie parlent aujourd'hui d'une même voix avec une volonté évidente de rapprochement, la vision des choses de chaque côté de la Méditerranée diffère catégoriquement.

Si la restitution en mars par la France des 24 crânes de combattants algériens décapités au début de la colonisation au XIXe siècle a été appréciée comme « un grand pas » par Alger, le président Tebboune attend toujours les excuses officielles de la France pour la colonisation.

Quant au conseiller spécial du président algérien M. Chikhi, il a réclamé début juillet la restitution « de toutes les archives nationales détenues par la France et se rapportant à plusieurs périodes de notre histoire », en invoquant les lois internationales voulant que « les archives appartiennent au territoire dans lequel elles ont été produites ».

En France comme en Algérie, des voix s'élèvent pour réclamer l’accès immédiat aux archives relatives à la Guerre d'Algérie. Ces archives ont la particularité d'être dispersées sur plusieurs sites français et d'être non communicables lorsqu'elles sont marquées du sceau du secret défense. Cet obstacle pourrait cependant être levé à la faveur de la révision de l’Instruction générale interministérielle n°1300, ce texte même qui ralentit actuellement bon nombre de communications au Service historique de la Défense à Vincennes.

Si la France rétrocédait les archives -ou des copies d'archives- tenues en Algérie du temps de la colonisation, l'Algérie devrait elle aussi faciliter l'accès aux nombreuses archives -dites de gestion- restées sur place et qui sont non consultables. Ainsi, toutes les archives portuaires, médicales, universitaires, financières, départementales, municipales, plus celles de la Justice, du notariat et du cadastre sont inaccessibles aux chercheurs français.

Certes, l'état civil est resté en Algérie, mais la France a pu conserver des copies sous forme de microfilms d'environ 60% des registres dupliqués sous cette forme par le Ministère des Affaires Étrangères dans les années 1970. Les Archives nationales d'Outre-Mer conservent les registres matricules des Français résidents en Algérie.

Liens

A lire aussi dans nos archives (RFG n°239 décembre 2017-janvier 2018) :

  • Interview Denis Carrasco, président de GAMT, Généalogie Algérie, Maroc, Tunisie : "Ouvrez les archives algériennes !" (télécharger le numéro 5,90 €)

Commentaires

2 commentaires
  • Portrait de Bouchibane

    Cherche fiche.naturaleatino. de.idrisse. bouchibane. Nes11/4/1918
  • Portrait de Jean Pierre Martinez

    Vous écrivez : "Certes, l'état civil est resté en Algérie, mais la France a pu conserver des copies sous forme de microfilms d'environ 60% des registres dupliqués sous cette forme par le Ministère des Affaires Étrangères dans les années 1970." Qu'en est-il, qu'en sera-t-il, des 40% qui manquent ? Ils font particulièrement défaut.

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