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Les fusillés pour l'exemple de la Grande Guerre seront ils réhabilités ?

Peut-être avez-vous un aïeul fusillé pour l'exemple durant la Grande Guerre ? Et bien la question est aujourd'hui posée : faut-il le réhabiliter ? Vous vous doutez bien que la réponse n'est pas aussi simple qu'un oui ou non, car parmi les 740 soldats passés par les armes, les raisons des exécutions sont diverses et variées, même si la plus souvent retenue est la "désobéissance militaire".

La Mission du Centenaire est très attendue sur ces questions, car au delà de fédérer les initiatives de commémorations, elle mène aussi un travail scientifique sur la Grande Guerre. Antoine Prost, président du conseil scientifique de la Mission du centenaire est l'auteur d'un rapport remis ce 2 octobre 2013 au ministre des Anciens combattants Kader Arif. Un groupe de travail de cinq historiens s'est efforcé d'établir une synthèse historique précise de la question, dresser un état des lieux de la demande mémorielle et présenter les réponses qui s’offrent aux pouvoirs publics.

Le rapport, librement téléchargeable sur le site de la Mission du Centenaire, définit les « fusillés de la Grande Guerre ». Il s'agit pour l'essentiel de soldats de l'infanterie française, condamnés à mort par une cour de justice militaire. Mais certains soldats français ont également été exécutés pour des crimes de droit commun. À cela s'ajoutent des civils français et étrangers et des militaires allemands condamnés le plus souvent pour faits d’espionnage. Enfin, les fusillés comprennent également un groupe de militaires ayant fait l’objet d’une exécution sommaire, au front, par des officiers.

Le rapport opère une distinction entre les « fusillés », dont la plupart l’ont été en 1914 et 1915, et les « mutins » de mai-juin 1917 dont une petite trentaine ont été passés par les armes. L'essentiel des exécutions a eu lieu dans les premiers mois de la guerre, par la suite, le nombre de condamnations n'a cessé de décroître. Les dernières statistiques permettent d’estimer le nombre de fusillés pour des faits relevant de la désobéissance militaire – principalement abandon de poste et refus d'obéissance en présence de l'ennemi - à 600 à 650 individus. En comptabilisant les crimes de droit commun et les faits d'espionnage, 740 individus au total ont été exécutés.

Comment retrouver la trace de tels faits, de telles condamnations et exécutions ? Les sources sont inégales et le contenu des archives militaires très variable d’un dossier à l’autre. En outre, 20 % des dossiers sont manquants. Il est donc difficile d’établir une vérité sur la plupart des cas de fusillés. Alors faut-il les réhabiliter ? Le rapport, sans se prononcer, propose au gouvernement quatre pistes :

  • ne rien faire parait difficile, car il faut pouvoir répondre aux demandes des familles.

  • réhabiliter tous les fusillés en attribuant à tous la mention « morts pour la France » et en inscrivant leurs noms sur les monuments aux morts : ce serait périlleux, car certains fusillés étaient bel et bien coupables,

  • réhabiliter au cas par cas nécessiterait un long travail d’investigation et poserait d’importants problèmes juridiques sur les règles de droit à appliquer. En revanche, l’inscription, à la demande des familles, des noms des fusillés sur les monuments aux morts pourrait être envisagée.

  • enfin, dernière proposition, une déclaration solennelle renforcée par un projet pédagogique... L'intérêt de cette suggestion est qu'elle pourrait aboutir à la mise en ligne des dossiers des conseils de guerre pour "montrer que la République n'a rien à cacher". Enfin, un monument, un lieu de mémoire ou une salle d’exposition permanente permettraient de répondre à la demande de reconnaissance des familles et d’informer le public.

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